Autotests : "C’est une boîte que vous aurez dans votre armoire à pharmacie"

Conçus pour que les particuliers puissent le faire de chez eux, les autotests anti-Covid arrivent cette semaine en France. Nous avons posé trois questions à Martin Blachier épidémiologiste spécialisé en santé publique.

Après les tests sérologiques, PCR, antigéniques et salivaires, voici un nouvel arrivant dans la liste des outils de dépistage contre la Covid-19 : les autotests antigéniques. Ils seront en vente "dès cette semaine" en France, a annoncé dimanche 14 mars le directeur général de la santé, Jérôme Salomon chez nos confrères de BFM TV. "Ce sera assez facile d'accès", a-t-il indiqué, expliquant que "le principe de l'autotest, c'est justement qu'on puisse l'avoir en famille". Ces tests sont déjà de sortie dans plusieurs pays européens, dont l’Allemagne. Mais que valent-ils vraiment ? Sont-ils fiables ? Nous avons interrogé Martin Blachier, épidémiologiste spécialisé en santé publique.

Où peut-on se procurer ces tests ?

L’idée est que ce soit facile d’accès. Ce sera surement disponible dans les pharmacies et il est même question des grandes surfaces. Le but est d’en faire un bien de consommation standard qui sera à un prix très bas. L’idée est que les gens puissent se tester au moins une fois par semaine pour casser les chaînes de contamination qui aujourd’hui nous échappent complètement. C’est une boîte de tests que vous aurez dans votre armoire à pharmacie, sous votre lavabo. Dès que vous avez le moindre doute, vous en faites un. Si vous allez à une fête de famille ou en week-end à plusieurs, vous en faites un, etc. Le but est d’en faire un maximum. C’est une alternative aux mesures restrictives. Des études très sérieuses ont été publiées dans "Science" par Harvard montrant qu’une fréquence élevée de tests revient à être aussi efficace qu’un confinement. Ces tests sont les mêmes que ceux que l’on fait en pharmacie aujourd’hui.

Quelle est leur fiabilité par rapport à un test PCR réalisé par un professionnel de santé ?

Lorsqu’un écouvillon nasal, et non pas nasopharyngé, est bien fait par un particulier avec une vidéo explicative et une bonne notice, c’est aussi sensible que si vous alliez le faire chez un professionnel de santé dans les pharmacies. L’antigénique est positif pendant la période de contagiosité essentiellement, c’est-à-dire pendant les 5-6 jours après les premiers symptômes, quand la PCR est positive quasiment trois semaines après l’apparition. Ce qui compte c’est d’avoir la positivité pendant que vous êtes contagieux. Et pendant la période de contagiosité, l’antigénique est aussi efficace que la PCR. On a des niveaux de sensibilité qui sont autour de 96 à 98% pendant que vous êtes contagieux. La différence est surtout visible au niveau du temps. Lorsque vous vous faites tester avec la PCR, entre le moment où vous décidez de faire le test et celui où vous avez les résultats, il s’est écoulé entre 2 et 4 jours. Avec le test que vous faites chez vous, vous avez le résultat tout de suite.

Si vous faites le test correctement par voie nasale, vous arrivez quasiment à 90% de ce que vous pouvez obtenir en sensibilité avec un professionnel qui le fait avec un prélèvement nasopharyngé. Après, en ce qui concerne la fraude, ce test est basé sur la bonne foi des gens. L’idée est qu’ils comprennent que c’est mieux que les 1% de gens positifs dans les grandes périodes épidémiques s’isolent après avoir fait un autotest, plutôt que d’avoir 100% des gens qui s’isolent alors qu’il n’y a qu’1% des gens qui sont positifs. C’est un pari sur le fait que les gens vont le faire. La bonne nouvelle qu’on a, c’est que les gens s’isolent une fois qu’ils savent qu’ils sont positifs. Le problème, c’est qu’ils savent souvent qu’ils sont positifs trop tard et qu’ils n’ont pas le courage d’aller faire le test. L’autotest répond à la limite de test aujourd’hui en France.

Que faire si le résultat de l’autotest est positif ?

Si c'est positif, il y a certainement une recommandation d'aller le refaire dans un laboratoire qui déclarera officiellement la positivité. C'est probablement ce que dira le décret de la HAS (Haute autorité de santé). Mais de toute façon, si les gens sont positifs, ils s'isolent 4 à 5 jours. A la fin de cette période, ils auront déjà passé le gros de leur période de contagiosité. Et rien qu'avec cette méthode, on aura réduit drastiquement les chaînes de contamination. On demande pas aux gens d'être parfait, mais qu'il y ait suffisament de bonne volonté au sein de la société française pour qu'on réussisse à avoir un minimum d'impact sur l'épidémie. On s'en remet à la bonne foi des Français.

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