BD Underground : à la recherche du pôle magnétique de la musique souterraine

La plupart sont inconnus du grand public et pourtant ces musiciennes et musiciens ont chacun à leur façon bouleversé l'histoire de la musique. Avec Underground, véritable anthologie sous forme de dizaines de biographies dessinées, explorons les chemins de traverse du son de fabuleux inventeurs.

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Telle une carte du métro mondial, Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog tracent les lignes telluriques de la musique underground. D'ailleurs le dessinateur l'affirme tout de go : "Je me plais à penser que ces planches sont dignes d'un tract punk patchwork ou d'un tricot de grand-mère sous acide, avec ici des reproductions de pochettes, des scènes recomposées en ombres chinoises…"

Apparaissent alors des incontournables comme Boris Vian et Patti Smith ou ceux aux succès planétaires comme Raymond Scott et Jonathan Richman - sans oublier le clochard céleste Moondog ou encore l'incalculable Eugène Chadbourne. Chacun à leur façon, grandes prêtresses du son ou rockers maudits, ils ont revivifié la musique dans toutes les directions.

Entretien croisé avec les deux auteurs de cette revue dessinée de l'Underground mondial. Tous deux sont des auteurs reconnus de BD (Le chanteur sans nom, En roue libre…) mais aussi des musiciens aguerris.

  • "Grandes prêtresses du son et Rockers maudits": Qu'est ce qui caractérise plus précisément un artiste underground quand certains sont connus, comme Boris Vian ou Patti Smith, voire ont une discographie foisonnante, comme Sun Ra, ou que d'autres ont connu de grands succès : Raymond Scott ou Jonathan Richman ?

Arnaud Le Gouëfflec : Le mot Underground n'est pas à prendre au pied de la lettre, au sens d'un concept scientifique. Dans ce cas, seules Les Légions Noires correspondraient. C'est plutôt un pôle magnétique, un mythe musical, celui d'un monde enfoui sous la surface où se trameraient des œuvres au noir. Dans ce sens, tous ces artistes ont un lien avec le mythe : Patti Smith, parce qu'elle vient de la poésie et qu'elle est elle-même nourrie aux légendes de l'underground ; Raymond Scott, parce qu'il avait créé un laboratoire pour fabriquer ses innombrables jingles et qu'il ressemble à un alchimiste ; Boris Vian, parce que derrière le chanteur et le romancier se cachent d'autres Boris Vian, l'inventeur du rock français ou le Grand Satrape de l'Ordre de la Grande Gidouille, par exemple ; Sun Ra parce qu'il a inventé un autre monde avec son folklore et sa mythologie, etc.

Nicolas Moog : Un artiste underground creuse son propre sillon, danse sur son propre rythme et ne sait rien faire d'autre.

  • Comment avez-vous choisi ceux dignes d’y figurer et ceux que vous avez écarté ?

Nicolas Moog : Une oeuvre pléthorique et une propension à suivre coûte que coûte sa route sans se laisser distraire, c'étaientt là les conditions souhaitées.

Arnaud Le Gouëfflec : Le critère, outre d'alterner artistes masculins et féminins, était de se concentrer sur les œuvres longues, qui ont traversé les années, voire les décennies.

  • Mes 3 préférés : Moondog, Raymond Scott et Brigitte Fontaine. Quels sont les vôtres ? Et pourquoi ?

Arnaud Le Gouëfflec : Eugene Chadbourne, parce qu'il est l'auteur de l’œuvre la plus incalculable (à ma connaissance) et que personne n'en est jamais venu à bout, parce qu'il a été le premier à tenter de réconcilier des genres opposés comme la country et l'avant-garde, et surtout parce qu'il fut le pionnier de la culture DIY (Do it yourself) en diffusant, en marge de ses disques officiels, des cassettes auto-produites conditionnées dans des emballages, des chaussettes ou des paquets de nouilles. Il a inventé un certain esprit punk. Je suis aussi fasciné par Eliane Radigue et ses drones inspirés du livre des morts tibétains, ou par les Residents, le groupe masqué, qui a tissé une carrière en forme de fable sur le thème de la lumière et et de l'obscurité, et a eu une influence déterminante sur le casque des Daft Punk.

Nicolas Moog : Townes Van Zandt, folk singer éblouissant, pour avoir écrit les chansons les plus belles, les plus désespérées et les plus poignantes du genre; Billy Childish, rocker sens dessus-dessous, poète, peintre et agitateur, pour son flegme rageur ; et le groupe CRASS, pour sa radicalité, son son tranchant et son absolue horreur des concessions.

  • En quoi une version dessinée de leurs vies est-ce plus interessant pour raconter leurs histoires ?

Nicolas Moog : Une version dessinée bien sûr, mais guidée par une écriture et un arc narratif forts.  Parce que la bande dessinée permet de faire tourner les tables. 

Je me plais aussi à penser que ces planches sont dignes d'un tract punk patchwork ou d'un tricot de grand-mère sous acide.

Nicolas Moog

Avec ici des reproductions de pochettes, des scènes recomposées en ombres chinoises, et encore d'autres tentatives de toutes sortes. C'est presque bringuebalant mais finalement cela tient debout. Et en réalité, c'est aussi le texte d'Arnaud qui tient le tout.

Arnaud Le Gouëfflec : Il y a un lien fort et ancien entre la BD et la musique populaire du XXème siècle, sans doute parce que ce sont deux formes populaires, justement, et qu'il y a chez tous ces artistes une dimension fortement graphique. Il y a l'exemple de Crumb dessinant les grands bluesmen du Delta. Et puis notre rencontre, à Nicolas et moi, qui fait que ça nous a toujours semblé évident.

Pour découvrir les premières planches de ce pavé de 300 pages au recensement très libre de musiciens, artistes et créateurs maudits de la musique du XXème siècle :

Underground

Et l'entretien Au Poste du journaliste David Dufresne avec les deux auteurs : "En quatre planches ramassées, le duo est capable de raconter une vie. Et de reproduire l’exploit des dizaines de fois dans son recueil. Avec Moog et Le Gouëfflec, on a causé de Sky Saxon, Billy Childish, du garage punk, et des élégantes âmes perdues d’outre tombe (mais aussi de Jonathan Richman, et de tant d’autres). Deux bonnes heures de bonheur."

 

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