L’infectiologue Benjamin Davido était l’invité du 19/20 de France 3 Paris Île-de-France afin de parler de la vaccination et du Pass sanitaire.
Sous forme électronique ou papier, le Pass sanitaire est un document déjà nécessaire pour voyager au sein de l’Union européenne, lors des rassemblements dont les participants dépassent le millier. Il a par ailleurs été conditionné pour l’accès aux boites de nuit qui ont pu rouvrir vendredi. "C’est une bonne chose que ça [l’accès en boite de nuit, ndlr] soit associé au passeport sanitaire, pour que cela soit fait dans la meilleure des conditions", estime Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine et invité du 19/20 de France 3 Paris Île-de-France. Mais ce Pass sera-t-il prochainement obligatoire pour s’asseoir à une table d’un restaurant ou d’un bar ? C’est la grande question.
Le président français Emmanuel Macron doit prendre la parole lundi soir pour préciser si de nouvelles restrictions doivent entrer en vigueur (ou non), notamment du fait de la nette montée du variant Delta – autre nom du variant indien – en Île-de-France, de même que dans le reste du pays. Certains restaurateurs redoutent la mise en place de ce Pass. "Je n’ai absolument pas le temps de m’occuper des clients qui vont venir, leur demander s’ils ont été vaccinés ou non. S’ils ne le sont pas, d’avoir un test négatif de moins de 48h. Les gens vont passer un test pour venir manger au restaurant ?", s’interroge, perplexe, un patron de pizzeria à Paris, interrogé par France 3 PIDF.
"Scénario à l’anglaise"
D’après les données de Santé Publique France, cette souche serait présente dans 65,7% des tests positifs criblés réalisés dans la région. Paris est le département francilien le plus touché avec 71,1%. Mais pour l’instant, pas de hausses des hospitalisations. "Pour l’instant, le chiffre des contaminations quotidiennes reste en-dessous la barre promesse de l’objectif des moins de 5000 contaminations", constate le Dr Davido, pour qui "on se dirige vers un scénario à l’anglaise avec ce variant delta qui va devenir majoritaire".
J'ai quelques patients qui sont de plus en plus jeunes, de moins de 40 ans atteints du variant indien (…) j’ai moi-même monté un patient en réanimation de 36 ans avec aucune maladie générale.
Le professionnel de santé met surtout l’accent sur la nécessité d’accélérer la vaccination plutôt que sur de nouvelles restrictions. "On dispose de la meilleure arme pour lever les restrictions : c’est la vaccination. Il faut aller beaucoup plus vite. On ne peut pas reculer l’horloge, mais il faut rapprocher les doses pour aller plus vite. Et il faut inciter les gens à se faire vacciner", explique-t-il, ajoutant que le Pass sanitaire peut permettre "d’arriver à une couverture maximale suffisante, notamment chez les jeunes". Dans son service, nous confie-t-il, "J'ai quelques patients qui sont de plus en plus jeunes, de moins de 40 ans atteints du variant indien (…) j’ai moi-même monté un patient en réanimation de 36 ans avec aucune maladie générale". "On a un déplacement de la population qui nous invite à vacciner les plus jeunes, ce qui va dans le sens des recommandations, notamment celles de l’Académie de médecine", poursuit Benjamin Davido.
Trois semaines entre les doses
Le professionnel de santé prône un rapprochement de la durée entre chaque dose à trois semaines, ce qui permettrait de "vacciner quasiment deux fois plus de gens". "Aujourd’hui, le rappel se fait à six semaines", précise-t-il. Mais aussi "élargir l’utilisation du Pass sanitaire" pour "mieux contrôler la situation du virus et moins se contaminer".
Concernant la vaccination des soignants, qui fait débat depuis quelques jours, Benjamin Davido évoque un "faux problème", ajoutant que ces derniers représentent "moins de 5% de la population. Il ne faut pas perdre le cap que la problématique est de vacciner l’ensemble de la population". Il ne se dit toutefois "pas opposé à la vaccination obligatoire". "Il faut être optimiste, dans l'action, pas dans la terreur. On a contrôlé bien d'autres maladies infectieuses et on a un vaccin. Donc il n'y a pas de raison pour qu'on ne s'en sorte pas", conclut le Dr Davido.