Comment le croire, quand l’humoriste tonitrue au piano cette chanson sur tous les tons ? Fer de lance de son nouveau spectacle, le titre Ça ira mieux demain transperce les abcès de notre société. De retour au Rond-Point, Christophe Alévêque pourfend l’actualité de sa langue affutée.
Dès le départ, lucide, le trublion affirme qu’il n’a pas de fin à son début. En cours il se rend compte que son spectacle commence là où d’autres se terminent. Mais à la fin, tel un félin du rire, il nous a fait frétiller la moustache et dérider les zygomatiques engourdis par une actualité plus que plombée depuis le 7 janvier. "Au lieu de mettre de l'argent dans la sécurité, il faut en mettre dans la culture, il faut éduquer les gens", s'engage Christophe Alévêque, qui dit se révolter par l'humour.
Son nouveau spectacle s’intitule "Ça ira mieux demain". Il y traite de nombreux thèmes, notamment celui des jeunes. Il pointe la génération des grands flasques, des « tranquille, t’inquiète », ces résignés qui opposent une tiédeur béate aux vieux énervés dans son genre. Chaque parent s’y reconnaîtra. "C'est le regard des jeunes vus par un vieux con, moi", affirme l'humoriste avec dérision.
"Je pense que le monde ne tourne plus vraiment rond. Le spectacle c'est un exutoire. Je parle de tout ce qui ne va pas et je le transforme en rires chez les gens, parce qu'ils en ont tellement besoin (...)".
Là où le spectacle prend son envol, c’est quand sous l’armure de Don Quichotte, accompagné d’un Sancho Panza (son comparse musicien Francky Mermillod), il s’attaque entre autres aux moulins à vent de l’Hidalgo, la nouvelle élue à la tête de la Mairie de Paris. « Nous serons l’intellectuel un peu déconnecté et le gars du peuple, on joue avec cet écart qui s’est tellement creusé. Don Quichotte, c’est mon livre de chevet. C’est l’imagination au pouvoir. Puisque je ne suis pas heureux en ce monde, je m’en invente un autre. »
Un stand-up centriste
Las de ses bouffées colériques, l’humoriste rêve de créer un stand-up centriste digne des meilleurs winners des années 80. Coincé entre une molle de gauche et une de droite, il devient le nœud flasque du spectacle.Mais feux d’artifice final, la verve de l’insolent Alévêque lui permet de brasser les infos quotidiennement charriées par nos JT, de les malaxer pour les débiter en autant de saillies drolatiques. Contrairement à ses précédents spectacles, sa revue de presse, bien sur renouvelée chaque jour, n’est plus improvisée - c’est ce qui fait la force de son verbe corrosif pour la mal nommée bien-pensance.
Ça ira mieux demain au Théâtre du Rond-Point
jusqu’au 7 novembre 2015
un spectacle de et avec Christophe Alévêque
et la complicité de Francky Mermillod
mise en scène Philippe Sohier