En mai 2020 nous avions interrogé des franciliens qui avaient été infectés lors de la première vague. Des mois plus tard ils présentaient encore des symptômes. Les médecins peinaient alors à trouver des explications. Nous les avons recontactés un an après.
Ils avaient été contaminés à la Covid-19 il y a un an… et souffrent toujours aujourd’hui des séquelles de la maladie. Ils ont contracté la maladie. Ils en ont guéri. Du moins cliniquement. Leurs résultats médicaux ne présentaient, et ne présentent toujours pas, de signes particuliers. Portant les répercussions du virus sont toujours là. "Rien n’était décelé dans les analyses que je faisais", nous explique Sophie conseillère principale d’éducation (CPE) dans un collège à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). "Ma dernière prise de sang n’a rien révélé d’anormal (...) A chaque examen, il n’y a aucun signe clinique grave. Mais la souffrance est là", ajoute de son côté Dominique, originaire d’Arcueil (Val-de-Marne) et conseiller dans les assurances.
Pourtant, leurs corps ne sont pas de cet avis et leur rappel que la maladie y a laissé des traces. Aujourd’hui, un an après avoir été contaminés, ils éprouvent encore des complications. Elles se manifestent de différentes manières. Cela va de troubles respiratoires à une coagulation trop importante en passant par la persistance des troubles gastriques et/ou digestifs.
"Embolie pulmonaire"
Ces symptômes touchent tout le monde. Jeunes et moins jeunes. Dans certains cas, la maladie donnait l’illusion de s’en être allée, pour revenir frapper plus fort quelques temps plus tard. "J’ai été testé positif, et en deux semaines c’était fini. Deux mois plus tard, j’ai fait une embolie pulmonaire", nous confie Cyril, originaire d'Alfortville (Val-de-Marne), étudiant en école de journalisme, hospitalisé l’année dernière, à 20 ans. "Ma femme et moi avons eu la forme longue du covid. On s’est retrouvé à avoir des symptômes à rallonge dont les effets ne sont pas complètement terminés", note Dominique, ajoutant qu’"à chaque fois que je croyais qu’un symptôme s’en était allé, par exemple l’essoufflement et l’oppression thoracique, ça revenait".
"Je suis toujours sous traitement, sous anticoagulant. On m’a dit que ce serait à vie"
En l’espace de plusieurs semaines, "j’ai été victime d’oppression thoracique, d’urticaire, des marques rouges sur les jambes, des bleus qui sont apparus à plusieurs endroits, de brouillard cérébral (…) J’avais de la tachycardie et des essoufflements même quand je levais les bras", précise Sophie, rappelant qu’elle n’est dotée que d’un seul rein et d’une malformation cardiaque. La CPE met également en avant le fait qu’au tout début de la première vague, il n'était pas possible que le grand public se masque ou dispose de tests. Par ailleurs, les connaissances sur le virus et les symptômes étaient minces. "Dans le pic des symptômes que j'ai eu, on ne testait pas encore. Et sans température ni symptômes classiques (toux, fièvre…), je n’ai pas pu bénéficier de tests. A l’époque, on attendait ces signes particuliers et pas d’autres", explique-t-elle.
"Mon cœur s’emballe sans raison"
Âgé de 21 ans aujourd’hui, Cyril ajoute : "je suis toujours sous traitement, sous anticoagulant. On m’a dit que ce serait à vie (…) Je n’ai pas le même débit respiratoire un an après. Et étant asthmatique de base ce n’est pas simple". "Un an après, je ressens des pertes de concentration, des grosses fatigues et des essoufflements (…) mais en ce qui concerne la respiration, je sens que ça tend vers le positif", précise-t-il. "Aujourd’hui, j’ai des essoufflements de temps en temps, et je fais de la tachycardie. Mon cœur s’emballe sans raison. Ma femme n’a pas d’essoufflements mais des gros problèmes gastriques", regrette Dominique, qui, comme tout sportif, a du mal à retrouver le gout de la vie d’avant avec toutes ces complications.
Des corticoïdes lui avaient été prescrits par son médecin traitant, mais aucun effet. "Au moindre effort, je le paye directement", insiste-t-il. "Il y a eu une nette amélioration (…) mais il me reste des troubles digestifs et des maux de ventre terribles", poursuit Sophie. "Je suis une battante. J’essaye de vivre normalement sans penser à tout cela", ajoute la CPE. "La seule solution, c’est une reprise très lente", ajoute Dominique, pour qui "ça va mieux, mais ce n’est pas encore fini".
Selon le professeur Bruno Riou, directeur médical de crise de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'épidémie de covid-19 va être "incontrôlable". Il a également estimé le nombre de patients covid qui vont développer une forme longue de la maladie à 400 000.
Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe.