Pour la première fois sous la Vème République, des élections sénatoriales vont se tenir la même année qu'une élection présidentielle et des élections législatives. Une coïncidence qui, ajoutée à une récente modification de la loi électorale, pourrait avoir d'importantes conséquences politiques.
48 départements sur 97, ainsi que 2 collectivités territoriales et 6 circonscriptions représentant les Français hors de France, vont élire leurs sénateurs le dimanche 24 septembre prochain. Soit au total 170 sièges sur les 348 que compte le Sénat. Autrement dit, la moitié des sénateurs.Mais ils vont le faire dans un contexte politique particulier puisque pour la première fois sous la Vème République, l'élection se déroule la même année que l'élection présidentielle et que les élections législatives. Deux scrutins qui, cette année, ont, plus que d'ordinaire, "rebattu les cartes politiques".
# Modification majeure de la loi électorale
A cette coïncidence s'ajoute un autre élément, technique, qui, cette année, peut avoir des conséquences politiques importantes. Longtemps, le Sénat fut une assemblée extrêmement stable. Car le mandat de sénateur était de 9 ans. Et le Sénat était renouvelé par tiers. Il y avait une élection tous les trois ans, pour renouveler un sénateur sur trois.Mais en 2003, une modification de la loi électorale ramène le mandat d'un sénateur à 6 ans et décide que le renouvellement du Sénat se fera désormais par moitié et non plus par tiers. Une modification majeure qui rend le Sénat beaucoup plus sensible aux changements politiques du pays et donc moins stable dans la durée.Prenez 1 minute pour comprendre comment fonctionne le renouvellement sénatorial ! https://t.co/0Wrkl8vKUm #Sénatoriales2017 pic.twitter.com/6kYdiS4VFB
— Sénat (@Senat) September 22, 2017
Par le jeu des dates de fin de mandat des élus à cette époque, les nouvelles dispositions ont commencé à s'appliquer en 2014, année où l'on a renouvelé une première moitié du Sénat. La seconde moitié le sera donc cette année 2017.
# Les grands électeurs sont des élus locaux
Dans le Parlement national, le Sénat est destiné à représenter les collectivités locales : communes, départements, et régions. (L'Assemblée Nationale représente, elle, les citoyens). Par conséquent, les sénateurs sont élus par des "grands électeurs". Dans chaque département, ces grands électeurs sont des élus, au suffrage universel, de ces départements : députés et sénateurs, conseillers régionaux, conseillers départementaux, conseillers municipaux.Les élections qui ont eu lieu cette année ont porté au pouvoir un jeune Président de la République que personne n'avait vu venir, et sa formation politique qui n'existait pas il y a encore un an. De nombreux députés sont des nouveaux venus, jusque là inconnus en politique. Et nombre d'élus municipaux ou départementaux ont décidé de "changer d'étiquette" pour soutenir le nouveau Président et son gouvernement.
# Alors, un changement politique au Sénat aussi ?
Conséquence : le visage politique du collège électoral de cette élection sénatoriale est, pour l'instant, un mystère.L'Île-de-France, région urbaine riche, est l'une de celles où le Président, puis sa formation politique, ont obtenu leurs meilleurs scores. Elle est aussi la plus peuplée et élit à ce titre 53 sénateurs. Soit quasiment le tiers de ceux qui vont être élus cette année, et un sixième de la totalité du Sénat.
Alors, les élections sénatoriales du 24 septembre 2017 vont elles profondément modifier la composition du Sénat ? Et l'Île-de-France sera-t-elle l'un des acteurs clefs de ce changement ? C'est techniquement possible... mais loin d'être certain.