Un nouveau rapport, commandé par la SNCF à deux ingénieurs indépendants spécialisés confirme les graves défaillances de maintenance mais les éclaire d'un nouveau jour. Ce rapport pointe aussi des anomalies dans le début de l'enquête, suite au déraillement d'un train à Brétigny, en 2013.
Les deux principaux rapports dans cette enquête avaient été rendus publics en juin 2014, près d'un an après l'accident du 12 juillet 2013 qui avait fait 7 morts et 70 blessés. Ils avaient entraîné la mise en examen, en tant que personne morales, de la SNCF et de Réseau ferré de France (RFF) pour homicides et blessures involontaires.
Un nouveau rapport, commandé par la SNCF à deux ingénieurs indépendants spécialisés confirme les graves défaillances de maintenance mais les éclaire d'un nouveau jour. Ce rapport pointe aussi des anomalies dans le début de l'enquête, suite au déraillement d'un train à Brétigny, en 2013.
Des erreurs individuelles
Depuis cette date, la SNCF avait commandé un rapport complémentaire à deux experts spécialisés. C'est ce rapport complémentaire qui vient d'être remis aux juges chargés de l'enquête.Or ce rapport confirme évidemment les graves défaillances de maintenance des voies qui ont provoqué l'accident, mais, élément nouveau, il pointe les erreurs individuelles du personnel de la SNCF en charge de cette maintenance. Ce rapport souligne les manques ou l'absence de rigueur dans la surveillance de l'état des voies incriminées.
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Le rapport revient d'abord sur une alerte préalable à l'accident : le 11 juillet, c'est à dire la veille de l'accident, un rapport technique interne à la SNCF avait été établi sur la portion de voie concernée, qui indiquait l'état très inquiétant de la voie à cet endroit et qui surtout précisait qu'un responsable de sécurité de ce secteur devait intervenir ! Or, cette alerte n'a pas été suivie d'effet, l'intervention n'a pas été faite.
Le rapport poursuit en constatant que les problèmes mécaniques qui affectaient cette partie des rails (boulons desserrés, cassés ou manquants) étaient visibles à l'oeil nu, et indique « Une surveillance efficace aurait, sans aucun doute, permis de détecter la non-conformité de cet assemblage crucial pour la sécurité des circulations ». En d'autres termes, pour les experts, la surveillance, si elle a eu lieu, n'a pas été sérieuse.
Enfin le rapport note un élément, somme toute, assez ahurissant, en relevant qu'il y a eu une "confusion incompréhensible" de la part des agents de la SNCF qui auraient bien effectué des réparations sur la voie mais pas au bon endroit !
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Une "confusion incompréhensible"
Il y a quelques jours, le 15 janvier 2016, on apprenait que trois cheminots, en charge de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont été placés sous le statut de témoin assisté dans le cadre de l'enquête. Le procureur d'Evry Eric Lallement, avait alors précisé : «Il ne s'agit pas de mises en examen mais bien d'un statut de témoin assisté. C'est un statut intermédiaire qui leur permet d'avoir accès au dossier.»C'est le premier rapport qui semble désigner des personnes physiques dans cette affaire. Reste à savoir s'il s'agit de trouver des responsables parmi les lampistes ou si ce rapport entraînera un changement d'approche du dossier.
Enfin, les rapporteurs s'interrogent aussi sur le "sérieux" de l'enquête policière, tout au moins à son démarrage, au moment de la "collecte" des indices sur le terrain. Ils se demandent si les boulons endommagés, ramassés et mis sous scellés juste après l'accident, sont bien les bons, ceux qui sont mis en cause ! Une question déjà pointée par les avocats de la SNCF.