A la veille de leur congrès annuel, les maires de l'Essonne se sont rassemblés ce lundi matin devant la préfecture du département. Ils protestent contre l'effort budgétaire qui leur est demandé par le gouvernement pour réduire le déficit public.
"Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 tel que proposé par le gouvernement est inacceptable pour les collectivités locales." Présent devant la préfecture, Jean-Marie Vilain, le maire (Les Centristes) de Viry-Châtillon ne décolère pas. "Pour Viry-Châtillon, cela représente un prélèvement de plus de 1,5 million d’euros qui obère complètement les efforts de gestion menés depuis 2014", détaille-t-il.
"On nous demande de faire toujours plus pour s'adapter aux besoins de notre population et on nous donne toujours moins", dénonce Stéphane Beaudet, le maire (Divers-Droite) d'Évry-Courcouronnes et président de l'Association des maires d'Île-de-France. (AMIF). Et de poursuivre : "Ça ne peut pas continuer. On est le seul lien démocratique encore en vie avec les habitants, en matière de confiance, de proximité. Et si on continue à détruire ce lien. Là, on va faire une catastrophe démocratique sans précédent."
Concernant les villes de Grigny, Ris-Orangis, Évry-Courcouronnes, l'effort demandé s'élève à 12 millions d'euros, estime le président de l'AMIF.
"Le congrès de la colère"
Les maires se retrouvent en congrès à partir de mardi à Paris, alors que la colère ne retombe pas face à l'ampleur des restrictions budgétaires demandées aux collectivités en 2025 pour réduire le déficit public. Le gouvernement prévoit d’amputer de 5 milliards d’euros le budget des collectivités locales, représentant 12,5% de l'effort global d'économies des 40 milliards d'euros demandés.
"Les communes sont totalement opposées au discours de l’État, car elles ne sont responsables qu’à hauteur de 9 % du déficit public. Au contraire, en équilibrant leurs comptes chaque année, en n’augmentant pas pour la grande majorité d’entre elles le taux de la taxe foncière, à l’instar de Viry-Châtillon depuis 2014, en absorbant difficilement la disparition de la taxe d’habitation, elles ont apporté la preuve de leur bonne gestion", poursuit Jean-Marie Vilain.
Moins de services publics
Le maire de Viry-Châtillon redoute une dégradation "des services publics du quotidien qui font le socle de la cohésion sociale", comme les cantines, les crèches, les centres de loisirs, la propreté de l’espace public, l'état civil ou les services sociaux.
Les élus locaux dénoncent également des transferts déguisés de compétences de l'État sans contrepartie financière ni moyens humains associés, une "tyrannie des normes", ou la suppression progressive des impôts locaux qui accentue leur dépendance à l'État.
Début novembre, plusieurs dizaines d'élus de tous bords politiques avaient protesté devant la préfecture de Melun (Seine-et-Marne) contre les coupes budgétaires. A Paris, Rémi Féraud, sénateur (PS) de la capitale dénonçait un "hold-up" budgétaire. "Ça nous obligerait à sacrifier des politiques publiques" et mettrait en difficulté les crèches, les activités périscolaires, les cantines, les Ehpad, la prise en charge des personnes âgées", avait-il affirmé.