Le syndicat CGT du centre technique de Renault à Lardy (Essonne) a dénoncé vendredi la poursuite du travail sur place pour des salariés "obligés de venir la peur au ventre", alors que leurs activités "ne sont pas indispensables", en pleine épidémie de coronavirus.
"On demande à la direction de Renault d'écouter les salariés de la base et de suspendre les activités du groupe" à Lardy, a déclaré Florent Grimaldi de la CGT Renault, lors d'une conférence de presse retransmise par téléphone."Depuis deux semaines, une partie des salariés sont en télétravail", mais quelque 300 (sur les 1.500 que compte le site) ne peuvent pas travailler à domicile et viennent au centre pour des projets portant sur "des véhicules qui seront vendus dans six mois, un an, deux ans peut-être", a indiqué le syndicaliste.
Ce ne sont "pas des activités de première nécessité", a-t-il insisté, en appelant les salariés à "exercer" leur droit de retrait ou à "menacer de l'exercer". Dans un communiqué, la CGT affirme que des salariés "ont dû menacer d’exercer leur droit de retrait pour obtenir des protections de base".
Les 250 salariés, Renault et prestataires, obligés de venir travailler sur le site de Renault Lardy demandent la suspension des activités du site afin d’éviter la prise de risques quotidiens dans le cadre de l’épidémie de #coronavirus https://t.co/by1zs5lNRk
— CGT-Renault-FR (@CGTRenaultFR) March 23, 2020
"impossible de s'assurer qu'on ne va pas transmettre le virus"
"Pourquoi obliger des salariés à venir la peur au ventre ? La direction se cache derrière les gestes barrières" de protection, "mais la première mesure barrière, c'est de rester chez soi", a souligné le syndicaliste. "Parce qu'ils effectuent du travail manuel", ces salariés prennent "des risques", pour eux, "leur famille et la population", a-t-il protesté.Certes Renault a mis à la disposition du personnel "des gants, masques, produits désinfectants, lingettes nettoyantes", prescrit "le respect des distances" de sécurité et prévu "une procédure de désinfection des véhicules", a reconnu M. Grimaldi.Mais "il est impossible de s'assurer qu'on ne va pas transmettre le virus" quand, "au quotidien, on travaille 10, 20, 30 salariés ensemble", "on doit se transmettre des outils", "on est plus de 20 dans une même salle de commande de bancs moteurs" et "on utilise les uns après les autres le même véhicule", a-t-il détaillé.
"Par moment, respecter un mètre de distance est impossible. On est obligé de donner un coup de main à un collègue", a témoigné un salarié d'une des entreprises sous-traitantes du centre. "L'activité de Renault est privilégiée au détriment de notre santé", a-t-il critiqué. "On a tous peur d'être contaminé et de contaminer notre famille", a dit un autre.
A cause du coronavirus, Renault a mis à l'arrêt toutes ses usines en Europe, en Inde et en Amérique du Sud.