Meurtres dans l'Essonne : les enquêteurs redoutent un tueur en série solitaire
Y-at-il un tueur en série dans le 91?
Même arme, même Homme? Existe-t-il des liens entre les 4 homicides commis depuis 5 mois dans le département de l'Essonne?
Après la mort jeudi d'une quatrième personne, une femme de 48 ans, la police craint qu'un tueur en série solitaire ne soit à l'oeuvre dans le département de l'Essonne. L'arme utilisée serait, d'après un premier examen balistique, celle qui aurait également servi à tuer les trois autres personnes.
Selon la procureure de la République d'Evry, Marie-Suzanne Le Quéau, l'auteur présumé du crime de jeudi serait un individu de sexe masculin, ayant pris la fuite à bord d'une moto. L'arme utilisée serait, d'après un premier examen balistique, celle qui aurait également servi à tuer, dans l'Essonne, trois autres personnes, les 27 novembre 2011, 22 février 2012 et 17 mars dernier.
La procureure a toutefois indiqué que le mode opératoire du premier homicide n'était pas identique à celui des trois suivants. "Dans la première affaire, la victime a reçu plusieurs impacts de balles sur le corps alors que dans les trois autres affaires nous avons des décès liés à un tir intracranien", a-t-elle souligné. "Si l'arme utilisée est le lien entre les quatre affaires, ce seul élément ne suffit pas en soi pour affirmer à ce stade qu'il s'agisse d'une seule et même affaire" a-t-elle affirmée.
"Des investigations sont actuellement en cours pour déterminer si la première affaire, celle du mois de novembre 2011, a un lien avec les trois autres affaires ou si la première affaire n'a aucun lien avec les trois autres affaires", a insisté la procureure.
La direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a été saisie et "diligente une enquête en flagrance du chef d'assassinat", a-t-elle rappelé.
Au lendemain du meurtre de Nadjia Boudjemia-Lahcene, une mère de famille de 48 ans, abattue en bas de chez elle à la Grande-Borne à Grigny, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a été interrogé sur Europe 1 sur l'hypothèse d'un "tueur en série solitaire".
"On peut le redouter mais de toutes façons, comme dans toute affaire criminelle, nous mettons en oeuvre tous les moyens pour parvenir à découvrir les auteurs", a-t il affirmé.
Mais les mobiles restent mystérieux: les deux dernières victimes, inconnues comme les autres de la police ou de la justice, ne semblent avoir aucun lien avec les deux premières, qui habitaient elles dans le même ensemble d'immeuble, et sont issues de milieux très différents.
Une source proche de l'enquête a exclu a priori toute piste à connotation religieuse ou politique et, tout en restant extrêmement prudente, évoque celle, possible, d'un "déséquilibré".
Rappel des faits
La série a débuté le 27 novembre 2011. Ce jour-là, une femme de 35 ans travaillant dans un laboratoire est tuée dans son immeuble d'un quartier sans histoire de Juvisy-sur Orge, criblée de balles. Un homme, qui se présente comme son ancien petit ami, se rend rapidement, est mis en examen le 3 décembre et est écroué. Toutefois, il s'est depuis rétracté devant le juge d'instruction.
Un peu moins de trois mois après, un autre habitant de l'immeuble, voisin de la première victime, est tué le 22 février dans le parking: il s'agit d'un homme de 52 ans. Le lien personnel n'est en revanche pas établi avec la troisième victime, un octogénaire sans histoires, tué le 17 mars d'une balle dans la tête dans le hall de son immeuble de Ris Orangis, commune riveraine de Grigny. Pas plus qu'avec la mère de famille installée de longue date à la cité de la Grande-Borne à Grigny. Là encore, le tireur, casqué, s'est enfui à moto une fois son forfait commis. Transportée dans un état critique à l'hôpital, elle y est décédée dans la soirée de jeudi, le 5 avril. Veuve, elle élevait seule son fils de 18 ans.
Voir le reportage de Michèle Rey et Jean-Yves Blanc.
Un rassemblement était organisé, vendredi, en fin d'après-midi à la Grande-Borne à Grigny.
Plusieurs centaines d'habitants du quartier de la Grande-Borne à Grigny se sont réunies en fin de journée et ont observé une minute de silence devant le hall de l'immeuble où Nadjia Boudjemia-Lahcene, 48 ans, a été tuée jeudi par un tireur non identifié.
"C'est toute une ville qui a perdu un membre de sa famille", a déclaré lors d'une courte allocution le maire de la ville, Philippe Rio.
"Nous affirmons que la vie est ce qu'il y a de plus cher, de plus sacré", a-t-il
ajouté, avant de préciser que la famille de la victime, "qui n'est pas présente, "appelle les medias à de la retenue pour qu'ils respectent cette période douloureuse et souhaite ne plus être dérangé".
Après cette déclaration, plusieurs habitants du quartier se sont succédé pour
déposer des bouquets de fleurs devant le hall de cette barre d'immeuble de quatre
étages.
La police, qui enquête sur des meurtres en série dans l'Essonne, a lancé vendredi soir un appel à témoins pour trouver la trace, dans "l'ouest parisien", d'une moto bleue et blanche de marque Suzuki, a annoncé une source policière.