La Cour d'assises de l'Essonne juge cette semaine la mère et le beau-père d'un jeune garçon, autiste sévère, qui s'était défenestré en 2007, après qu'ils l'aient laissé seul trois jours enfermé à clef dans leur appartement, pendant qu'ils étaient en vacances avec leurs deux autres enfants.
Le 7 novembre 2007, une habitante de Sainte-Geneviève des Bois découvre, au pied de son immeuble, le corps d'un adolescent de 16 ans. Le jeune homme s'est visiblement jeté par la fenêtre d'un appartement, sept étages plus haut. Mais dans le quartier, personne ne connaissait le garçon.
Sur place, la police trouve la porte de l'appartement d'où l'adolescent s'est jeté fermée à clef. Et une fois à l'intérieur, il n'y a pas trace de clef pour ouvrir la porte.
Les enquêteurs appellent par téléphone la femme locataire de l'appartement qui leur déclare être chez une amie, à 120 kilomètres de Paris et avoir en effet laissé son fils seul dans l'appartement, sans autre détail. Mais dans l'appartement, les policiers découvrent des documents qui précisent que la victime avait besoin de la présence constante d'une personne auprès de lui, et qu'il n'est absolument pas autonome dans la vie quotidienne.
La mère de l'adolescent est alors placée en garde à vue. Interrogée, elle déclare d'abord qu'elle est partie trois jours plus tôt en vacances avec ses deux plus jeunes enfants et son compagnon. Mais elle prétend alors que le garçon, prénommé Laurmand, n'avait aucun problème de santé ni d'ailleurs de comportement à tendance "suicidaire". Elle parle seulement "d'un peu d'oubli". Elle prétend que, son fils étant autonome, elle a l'habitude de le laisser seul Elle affirme enfin que les documents médicaux découverts par les enquêteurs ne le concernent pas. "Ce sont, dit-elle, ceux du fils d'une cousine", mais elle n'est pas en mesure de donner le nom et l'adresse de la cousine.
C'est finalement la version du beau-père qui viendra expliquer la situation tragique. Le compagnon de cette femme avoue en effet que l'adolescent est autiste, qu'il ne parle pas, ne sort jamais de l'appartement qu'il est incapable d'ouvrir la porte d'entrée et qu'il n'est autonome pour rien de la vie quotidienne.
Le beau-père raconte qu'ils ont la responbilité du jeune homme depuis 2004, lorsqu'il a quitté sa grand-mère et son pays, le Congo. Il explique que la mère et lui l'enferment à clef quand ils partent et verrouillent même la porte du salon pour éviter que le garçon ne le salisse.Il précise que le traitement médical du garçon a été interrompu en 2006 par sa mère sans en indiquer la raison.
La mère et le beau-père sont jugés par la Cour d'assises d'Evry, pour délaissement de personne hors d'état de se protéger ayant entraîné sa mort". Le verdict est attendu jeudi, le 5 février.