Un rapport parlementaire a épinglé, mardi 30 septembre, la prestigieuse Ecole polytechnique. « Aucune réflexion globale de l'Etat sur le rôle de l'école n'a été menée depuis quarante ans », juge François Cornut-Gentille, député UMP de Haute-Marne, à l'origine de ce texte.
Un rapport parlementaire a épinglé, mardi 30 septembre, la prestigieuse Ecole polytechnique. « Aucune réflexion globale de l'Etat sur le rôle de l'école n'a été menée depuis quarante ans », juge François Cornut-Gentille, député UMP de Haute-Marne, à l'origine de ce texte intitulé « Polytechnique : l'X dans l'inconnu ». « C'est un curieux modèle d'autogestion à la française », dénonce le politicien, qui estime que l'avenir de l'école n'est « pas durablement assuré ». « La gestion budgétaire, financière et comptable » de l'école doit « être remise à niveau », selon ce rapport qui s'appuie sur les conclusions d'un audit mené par le contrôle général des armées et par l'inspection générale de l'éducation nationale.
La réforme de la « pantoufle »
Évoquée depuis plus de dix ans et annoncée depuis plusieurs mois, elle n'a toujours pas été publiée par décret. Une inertie "emblématique des fragilités, de la faiblesse de la tutelle et des lenteurs de l'X à se réformer", estime le député. Une dérive pointée à plusieurs reprises par la Cour des comptes.
En quoi consiste ce système de la « pantoufle »
Les élèves de Polytechnique, qui sont des officiers sous contrat, perçoivent une solde de 473 euros par mois, en contrepartie de laquelle ils s'engagent à travailler pendant dix ans dans un corps de l'Etat. A défaut, ils doivent rembourser une partie de cette solde, la « pantoufle ». Or un polytechnicien « menant carrière dans des institutions bancaires américaines est exonéré de remboursement », et 23 % des diplômés de 2012 ont effectué leur premier emploi à l'étranger. A l'inverse, seulement 13 % ont rejoint un corps de l'Etat.
La réponse de Polytechnique
Chaque année "une trentaine d'élèves remboursent la pantoufle", soit 10% des promotions, se défend l'Ecole polytechnique, jointe par l'AFP. La réforme de la "pantoufle" ne pourrait s'appliquer "qu'à partir de 2015", et du coup les remboursements, d'un montant de 31.000 euros en moyenne, ne surviendraient s'ils avaient lieu qu'à partir de 2021, précise l'école.
L'école Polytechnique rappelle qu'elle a engagé "de nombreuses réformes ces dernières années", avec "davantage de connaissances pluridisciplinaires", une recherche scientifique et technique aiguë, tout en sensibilisant ses élèves "au sens de l'intérêt général".
Reportage Norbert Cohen Laure Bignalet