Des peines de six et quatre ans de prison ont été requises jeudi à Evry à l'encontre de parents qui avaient enfermé à clef pendant trois jours leur fils atteint d'un autisme sévère, et qui avait fini par se défenestrer. Le verdict est attendu en fin d'après-midi.
Des peines de six et quatre ans de prison ont été requises jeudi à Evry à l'encontre de parents qui avaient enfermé à clef pendant trois jours leur fils atteint d'un autisme sévère, et qui avait fini par se défenestrer.
La mère, qui encoure la plus lourde peine, et son compagnon comparaissent depuis mardi devant la cour d'assises de l'Essonne pour "délaissement de personne hors d'état de se protéger ayant entraîné sa mort". Le 8 novembre 2007 au matin, le corps de Laurmand, 16 ans, est retrouvé par une habitante du quartier, au pied de son immeuble de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Sept étages plus haut, la fenêtre d'un des appartements est ouverte. Contactée, la mère du jeune homme explique aux policiers se trouver chez des amis à Evreux, à 120 km de là, et avoir laissé son fils seul dans l'appartement, la porte verrouillée. Lors des perquisitions au domicile familial, une attestation médicale indiquait que Laurmand avait besoin de "la présence constante d'une personne auprès de lui" et ne pouvait "réaliser les actes de la vie quotidienne seul".
Après avoir nié sa responsabilité dans la mort de son fils lors de l'instruction, évoquant un simple "suicide", la maman a reconnu ses "torts" lors du procès. "Je n'aurais pas dû laisser mon fils seul. J'ai négligé ses soins, j'ai négligé à quel point il était malade", a-t-elle admis, de même que son compagnon.
Un revirement de dernière minute qui n'a pas convaincu l'avocat général, Saliha Hand-Ouali, qui n'a pas "perçu d'autocritique sincère" de la part des parents qui "mentaient encore onze jours avant le procès alors qu'ils ont eu huit ans pour réfléchir".
La mère de Laurmand "savait qu'il ne pouvait se prendre en charge seul", a-t-elle estimé, ajoutant que "même à un chien, même à un chat, on ne fait pas ça". Elle a également fustigé les mots du beau-père qualifiant la disparition de l'enfant de "dommage" et leur départ en week-end de "grosse bêtise". "Non c'est tragique, et c'est un acte criminel", a-t-elle corrigé.
Un enfant défenestré, "c'est un drame qui peut arriver à n'importe quel moment dans l'existence d'une famille", a plaidé l'avocate de la défense, Hélène Japhet, réclamant un double acquittement. Si des peines de prison devaient être prononcées, elle a plaidé pour que celles-ci soient moins lourdes et assorties d'un sursis plein. "On ne peut pas briser la vie des deux autres jeunes enfants" du couple, a-t-elle justifié. Elle a rejeté la qualification de "délaissement" retenue par l'accusation: "abandonner quelqu'un en l'enfermant chez soi, c'est désirer sa mort. Ce n'était pas du tout l'intention des parents. Ils n'ont pas volontairement exposé leur fils à un risque, mais par inconscience", a-t-elle ajouté. Le verdict est attendu en fin d'après-midi.