Ce samedi, à Corbeil-Essonnes, Karine Duchemin organise une marche blanche. Elle souhaite rendre hommage à son fils Thybaud, victime de harcèlement scolaire qui s'est pendu en 2018. Aujourd'hui, elle témoigne de l'histoire de son fils et de la difficile reconstruction de sa famille.
"On ne fait jamais vraiment le deuil d'un enfant." Karine Duchemin affronte quotidiennement la douleur du souvenir de son fils Thybaud, originaire de l'Essonne, l'adolescent de 12 ans s'est pendu après avoir été victime de harcèlement au collège en 2018.
Ce samedi, l'association Eleve ta Voix, fondée par les parents du jeune garçon organise comme chaque année depuis 4 ans une marche blanche à Corbeil-Essonnes pour lui rendre hommage. Le cortège s'élancera du lycée Robert Doisneau pour se rendre à l'hôtel de ville de la commune essonnienne. Selon la maman, cette marche aura vocation à "dire non au harcèlement et à la violence."
Retrouvé pendu dans sa chambre
"C'était un enfant optimiste, sociable et le harcèlement l'a détruit", raconte la maman. Au quotidien, l'adolescent a subi les moqueries et les sévices physiques de la part de ses camarades. "Il était en béquilles à cette époque et les enfants se moquaient de lui et le frappaient. Nous avions prévenu l'école et on nous a conseillé de le changer d'établissement", indique la maman qui habitait à cette époque en Essonne.
Ses parents décident alors de déménager en Gironde. "On s'est dit que cela irait mieux pour lui mais le harcèlement a recommencé", commente Karine Duchemin. Émue aux larmes, elle raconte par exemple que certains de ses camarades ont tenté "de le pousser devant un bus en mouvement". À la maison, l'adolescent devient de plus en plus mutique. "Cela ne lui ressemblait pas, il redoutait d'aller à l'école et de nous parler de ce qu'il vivait."
Le 20 novembre 2018, il se donne la mort dans sa chambre en pleine nuit. "Il s'est pendu devant sa porte de chambre. Son père l'a découvert le matin", raconte la maman. "C'était un choc pour nous tous y compris son frère et sa sœur."
"Tout nous rappelle notre deuil"
Six ans plus tard, la douleur est encore vive au sein de la famille. "On vit avec cela au quotidien. Chaque fois que l'on croit pouvoir avancer, quelque chose nous rappelle qu'il n'est plus là", note Karine Duchemin. "C'est particulièrement compliqué pour son frère et sa sœur. Il était l'aîné des enfants. Sa sœur qui vient d'entrer au lycée a eu beaucoup de mal en début d'année. Elle pensait à son frère constamment. Il aurait dû y aller avant elle et cela lui fait mal d'y penser." Elle confie également que le deuil est difficile à faire du côté des parents. "À chaque année qui passe, on pense aux projets qu'il aurait entrepris. Le baccalauréat cette année pour ses 18 ans par exemple. Et cela fait d'autant plus mal", nous confie-t-elle en larmes. "Mon fils est mort à cause de ce que lui ont fait subir ses bourreaux à l'école. Un endroit où il devait se sentir en sécurité pour apprendre et s'épanouir. C'est inacceptable."
"Notre association vise à montrer que le harcèlement chez les enfants et les adolescents est l'affaire de tous et pas seulement de l'Education Nationale", indique Karine Duchemin. Selon elle, les cas de harcèlement ne surviennent pas seulement à l'école mais dans tous les lieux où les enfants se croisent. "Cela peut être les centres de loisirs ou les clubs sportifs. Tout le monde doit se sentir concerné par le sujet."
Avec son association, elle cherche "des solutions pour éviter les situations de harcèlement. Cela passe notamment par le fait d'apprendre aux enfants à gérer les interactions négatives dès le plus jeune âge", explique-t-elle.