Le texte classique de Marivaux transposé en Sitcom ! La troupe de « La Comédie Presque Française » présente sa parodie « Les Feux de l’Amour et du Hasard » une pièce présentée au Palace qui est presque du Marivaux.
C’est un clin d’œil amusé
Dans les loges du Palace, c’est la franche rigolade. Les acteurs de la troupe de la Comédie Presque Française sont à l’habillage et au maquillage « Tiens regarde ! Là c’est victoria, ici c’est brandon et voici bob flanagan » plaisante la comédienne Scotch Brit « On a changé les prénoms des personnages, ça colle mieux à notre pièce » reprend-elle, le sourire aux lèvres.
Hé oui, oublié donc Silvia, Dorante, Arlequin ou encore Lisette, les personnages originaux du « Jeu de l’Amour et du Hasard » de Marivaux. Ce grand classique du répertoire, qui est un vrai succès populaire joué et traduit dans le monde entier depuis sa création en 1730, est aujourd’hui propulsé dans l’univers du soap opéra à l’américaine. Imaginez, la prose du texte de Marivaux portée par un vieux cowboy tout droit sorti d’une série télé à l'instar de Dallas. Le contraste est assez surprenant et le concept original.
Il n’y pas de non-respect de l’auteur
Pour Scotch Brit qui joue le rôle de Victoria « il n’y pas de non-respect de l’auteur, bien au contraire. On est dans l’hommage » et Philippe Risotto qui joue le rôle de Bob Flanagan, le propriétaire du ranch, de poursuivre « c’est un clin d’œil amusé dans le respect du travail de l’auteur. C’est une mise en abîme du texte de Marivaux à travers l’expérience d’un tournage contemporain. En fait, le spectateur assiste au tournage d’une série, dans laquelle, il y a la langue de Marivaux ». Et c’est ainsi que près de trois siècles après l’original, le jeu de l’Amour se transforme en feux de l’amour. Une parodie destinée à séduire un public plus jeune, peu ou pas habitué au répertoire classique. Et ça marche. Dans le catalogue de la Comédie Presque Française, il y a deux autres pièces également appréciées par le public. L’école des Naans et Dom Juan les Pins, de presque Molière.
On a le droit de jouer faux
Le concept est le même. Les acteurs grimés en personnages un peu ridicules utilisent les codes du doublage de cinéma afin d’accentuer les effets comiques de situation « c’est un kiff total de jouer ces rôles » nous promet le comédiens Romains Vissole « on a toute les sécurités car on a le droit de jouer faux, de jouer complètement à côté et d’exagérer à fond, donc c’est assez jouissif ». Pour Diana Laszlo qui joue Kimberley, une blonde, belle et drôle qui chante faux « avant de jouer faux, il faut savoir jouer vrai ! » déclare-t-elle. Et c’est justement l’intérêt de ces pièces qui respectent l’intrigue et les textes originaux enchaîne-t-elle « dans Marivaux, Silvia est inquiète d'épouser Dorante, un jeune homme qu'elle ne connaît pas. Elle se déguise en Lisette, sa femme de chambre dans l’idée d’espionner le jeune homme. Sauf qu’il a la même idée ! Ça crée des quiproquos et des situations incroyables, et faut savoir le jouer ».
Les gens pensent qu’on a réécrit le texte !
Alors pendant presque deux heures, avant chaque représentation, toute l’équipe se retrouve pour répéter sous le regard de Célia Pilastre et de Crystal Shepherd-Cross, les deux metteurs en scène.
« Quand j’ai étudié le jeu de l’amour, au lycée, je me disais déjà que le texte était formidable et qu’il était fait pour être parodier en feux de l’amour. Le texte est vraiment contemporain » précise Célia entre deux indications. Pour Crystal, ça va même plus loin "il y a quelques blagues qu’on a rajouté, mais le texte, c’est Marivaux. C’est juste la façon dont les comédiens jouent comme par exemple, vous esquiviez… la mienne, c’est Marivaux mais le fait de le rythmer différemment et de laisser trainer les consonnes. On a l’impression que ça a été réécrit".
Un sentiment de modernité qui est renforcé par la mise en scène interactive qui joue sans cesse avec les réactions du public. La salle est sous le charme. Les feux de l’amour et du hasard, c’est presque du Marivaux et le succès prévisible de la pièce n’aura rien du hasard.
"Les Feux de l'Amour et du Hasard" jusqu'au 11 décembre au Palace. Paris 9ème
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