La présidente de la région Ile-de-France et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse a appelé vendredi le gouvernement "à la fermeté" pour valider le projet de rénovation de la Gare du Nord, à Paris, qui a été remis en cause par la Ville de Paris.
"Le permis de construire est donné par le gouvernement", a rappelé Mme Pécresse. "La question, c'est est-ce que le gouvernement aura le courage de mener à bien un projet d'intérêt national, qui est autofinancé ?"
"J'appelle le gouvernement à la fermeté et à la sauvegarde de l'intérêt national. Ce projet est ultraprioritaire", a insisté l'élue, qui s'exprimait en marge d'une visite à l'usine Alstom de Reichshoffen (Bas-Rhin), où sont rénovées des rames de RER.
Le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari avait jugé jeudi "le projet de rénovation et d'amélioration de la Gare du Nord (...) nécessaire pour des centaines de milliers de franciliens et les touristes qui l'utilisent au quotidien", s'étonnant du "rétropédalage de la Ville de Paris" et dénonçant un "jeu politique" à quelques mois des élections municipales.
La Ville de Paris ne soutient plus le projet
Mardi, l'adjoint parisien à l'urbanisme Jean-Louis Missika et la maire du Xe arrondissement de la capitale --où est située la gare-- Alexandra Cordebard avaient publié une tribune déclarant que "la Ville de Paris ne sera(it) pas aux côtés de la SNCF pour défendre le projet commercial".Tout en reconnaissant que la transformation de cette gare, la première d'Europe en trafic, était "essentielle" en vue des jeux Olympiques de 2024, les deux élus socialistes estimaient que le projet retenu par la SNCF laissait une part trop importante aux commerces. "La dimension commerciale ne doit pas prendre le dessus sur les services rendus aux usagers", avaient-ils asséné.
Ils reprenaient notamment les arguments d'un collectif d'une vingtaine d'urbanistes dont Jean Nouvel et Roland Castro, qui avaient critiqué début septembre un projet "inacceptable" qualifié de "grave erreur urbaine".
La Ville soutenait pourtant le projet jusqu'à présent.
"Le Conseil de Paris a voté pour le projet en juillet. Et comme le savent tous ceux qui ont concouru à ce projet, la Marie de Paris a été présente du début à la fin de l'appel d'offres, et tout a été fait complètement en accord avec elle", a rappelé Valérie Pécresse vendredi.
"Il y a les municipales, il faut être complètement lucide. On est en train, pour négocier des alliances politiques de circonstance, de mettre en péril un projet qui est attendu par des centaines de milliers de voyageurs tous les jours", a-t-elle ajouté.
"Le dernier scandale, c'est quand on entend la Ville de Paris dire "600 millions d'euros, on va les trouver" (pour financer le projet). On va les trouver où ? La SNCF a autofinancé 600 millions. On devrait dire -et ça ne m'arrive pas souvent- bravo la SNCF !".
Un projet pour améliorer le quotidien des voyageurs
Le projet "va raccourcir tous les trajets des voyageurs du quotidien" car les correspondances seront plus aisées avec le métro et le RER, a-t-elle plaidé."On veut des gares qui soient des lieux de vie. Et on voudrait aussi que le Xe arrondissement soit une vraie porte d'entrée digne de la France", a encore souligné Mme Pécresse.
"Allez à St Pancras !", la rutilante gare de Londres où arrive le TGV transmanche Eurostar. "Le contraste est saisissant", a-t-elle martelé. "Et quand j'entends dire que les commerces du Xe arrondissement sont menacés par le projet de la Gare du Nord, les seuls qui sont menacés sont les dealers et les
crackers (ndlr: les consommateurs de crack). Et on est peut-être content qu'ils soient menacés!"
La SNCF dit qu'elle n'a pas de plan B, et qu'une remise en cause du projet retarderait la rénovation de la Gare du Nord de trois à quatre ans.