Chez Geodis à Gennevilliers, les salariés en grève depuis douze jours pour leurs salaires

L'activité de la plateforme de logistique Geodis de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) est à l'arrêt depuis douze jours. Les employés, qui plafonnent pour la plupart au Smic, demandent une revalorisation salariale. Alors que l'entreprise a fait des bénéfices record l'an passé.

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Ils ont veillé jusqu’à 7 heures du matin devant leur entrepôt de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Comme chaque nuit depuis le 17 octobre, 82 des 200 employés de la plateforme Geodis se sont relayés pour empêcher les camions de décharger leurs colis. Avec succès, selon un de leur représentant syndical CGT, Mouloud Sahraoui : « Chaque jour, seuls deux semi-remorques parviennent à passer les barrages contre 200 habituellement. »

Ces salariés du leader français du transport et de la logistique se sont mis en grève il y a douze jours, après la découverte des fiches de paie d’une dizaine de cadres de l’entreprise. Leurs salaires avoisinent les 25 000 euros. Sans comparaison avec les rémunérations des manutentionnaires qui plafonnent pour la plupart à 1667 euros bruts par mois (le Smic), malgré les heures de nuit et l’ancienneté. Cette année, plusieurs dirigeants auraient également reçu des primes allant de 183 000 euros à 304 000 euros. Elles sont liées aux profits record de Geodis en 2021. Le chiffre d’affaires de cette filiale de la SNCF a fait un bond de 28 % par rapport à 2020 et de 33 % par rapport à 2019. Les bénéfices ont atteint un pic historique de 948 millions d’euros (+38 % par rapport à 2019).

Une cadence très élevée amplifiée par le manque d’effectifs

Des profits dont aimeraient également profiter les salariés. Ils demandent une augmentation de 150 euros brut par mois, un rattrapage de 100 euros pour les plus bas salaires et une prime de 1000 euros en décembre, mettant en avant la pénibilité du travail sur le site de Gennevilliers, plateforme « express » qui impose une forte cadence.

« Lorsque les camions arrivent, vous avez 1h30 à 2 heures maximum pour les vider, réceptionner les colis et les dispatcher dans d’autres camions » , indique Mouloud Sahraoui.« On fait ici du port des charges lourdes avec des colis qui ne sont pas standardisés. On transporte des frigos, des grosses pièces métalliques par exemple. Mais aussi de la matière dangereuse comme des bidons d’huile, d’essence, de peinture. Et des animaux vivants. La cadence est très très élevée et amplifiée par le manque d’effectifs. » Conséquence selon lui : des salariés usés, souffrant de maladies chroniques comme les troubles musculo-squelettiques.

" Moi, je travaille de 17h30 à 1h30 du matin et je touche 1400 euros après treize ans de maison. Ici, on est tous des smicards et le dix du mois, on est obligés de demander un acompte sur la paye, explique Slaheddine, opérateur de quai. Je fais pas la manche, j'aime mon entreprise mais qu'ils nous donnent un peu à boire et à manger. En 2013, ils nous ont supprimé l'intéressement aux bénéfices. Lors des négociations obligatoires en janvier, le salaire est augmenté de 17 à 19 euros. C'est pas possible."

Zohra Touami travaille dans les bureaux. Elle est la seule à faire grève dans le personnel administratif car elle partage les mêmes préoccupations que ses collègues manutentionnaires : un salaire bas couplé à une forte inflation. Même colère aussi concernant les primes touchées par ses dirigeants. 

Je suis chez Geodis depuis 18 ans et mon salaire a très peu progressé. On nous dit qu'il n'y a pas d'argent mais on ne peut pas nous dire ça quand on voit les primes que certains ont eu. C'est choquant, c'est indécent.

Zohra Touami, élue CGT de Geodis Gennevilliers

Interrogé mercredi soir sur France 2 sur cette grève, le président Emmanuel Macron a indiqué que « le dialogue dans une entreprise sur le partage de la valeur créée est un débat légitime et même nécessaire.

Depuis, les négociations semblent avoir repris entre la direction et les employés. Interrogé par l’AFP, le directeur général du métier Distribution & Express chez Geodis, Stéphane Cassagne a fait savoir que "le dialogue social chez Geodis est une constante et le site de Gennevilliers n'échappe pas à cette pratique, ce dialogue n'a jamais été rompu et cela malgré la grève, il s'est même intensifié depuis deux jours ». Ajoutant que l'entreprise redistribue 24% de ses résultats opérationnels.

Une rencontre lundi prochain avec la direction

D’après nos informations, Geodis aurait en effet proposé de rencontrer les salariés lundi prochain en mettant sur la table une hausse de salaire de 250 euros bruts par an, indexée sur l’absentéisme. Bien loin des revendications initiales. « Ils jouent le pourrissement, car ils savent que c’est dur pour nous de ne pas être payés depuis douze jours. Mais c’est pas ça le plus difficile, c’est notre vie au quotidien, nos conditions de travail. La direction fait aussi pression, on en est à notre 7e ou 8e recommandé reçu », indique Mouloud Sahraoui.

En attendant, les salariés ont prévu de se réunir cet après-midi en assemblée à 17h30 pour voter la reconduction ou non de la grève. Sur ce site désormais vide et dont l’activité a depuis quelques jours été transférée sur le site de Valenton dans le Val-de-Marne.

 

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