De 6 à 9 ans de prison ferme pour trois femmes qui avaient séquestré, violenté et prostitué une jeune fugueuse de 15 ans

Dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 juin, trois femmes ont été condamnées à six, huit et neuf ans de prison ferme par la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Elles étaient poursuivies pour complicité de viol, violences et séquestration d’une adolescente de 15 ans, en avril 2014.

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Six accusés, dont ces trois femmes, comparaissaient libres pour ces faits qui datent d’il y a près de 10 ans. Tout le groupe était jugé depuis lundi 5 juin. Danaé K., Wendy H. et Christel W., à l'époque âgées de 21, 22 et 43 ans, étaient accusées d'avoir retenu la victime dans un appartement de Meudon (Hauts-de-Seine).

Elles étaient soupçonnées en outre de l'avoir obligée, sous la menace de coups, à avoir des relations sexuelles avec des hommes contactés à cet effet. En fugue au moment des faits, la victime avait rejoint en région parisienne Danaé K. et Wendy H., d'"anciennes amies" avec qui elle s'était disputée par le passé pour des "histoires de garçons". Toutes les trois étaient hébergées par Christel W.

Deux hommes ont aussi été condamnés à quatre et six ans ferme pour viol, tandis qu’un troisième a été acquitté. Toutes les condamnations ont été assorties d'un mandat de dépôt.

Cinq condamnations et un acquittement

Les trois accusées étaient jugées pour séquestration "avec torture ou actes de barbarie", proxénétisme et complicité de viol. Dans sa décision rendue peu avant 03 heures du matin après cinq jours d'audience, la cour d'assises de Nanterre n'a pas retenu le proxénétisme et a requalifié les faits de "tortures ou actes de barbarie" en "violences volontaires en réunion et avec armes".

Wendy H., condamnée à neuf ans de prison ferme, a fondu en larmes à l'énoncé du verdict, et plusieurs de ses proches sont sortis de la salle en pleurant. L'avocate générale avait requis neuf ans de prison à son encontre, la présentant comme "la plus violente", ainsi qu'à l'encontre de Christel W., "tenancière de la honte". Elle avait demandé sept ans pour Danaé K., qualifiée de "bras droit de l'humiliation", retenant l'altération du discernement. Christel W. et Danaé K. ont été condamnées à respectivement huit et six ans ferme.

À l'encontre de Mahfoud M., Mouloud B. et Raymond A., accusés d'avoir violé la jeune fille, elle avait réclamé des peines de sept ans de prison avec mandat de dépôt. Leurs trois conseils avaient plaidé l'acquittement. Raymond A. a été acquitté, Mouloud B. et Mahfoud M. écopent de respectivement six et quatre ans de prison ferme. "Qu'il y ait des peines aussi importantes dix ans après les faits, à cause d'une défaillance de la justice, je trouve ça choquant", a regretté Me Stéphane Maugendre, conseil de Mouloud B. "On ne répare pas la victime et on détruit des vies qui ont été reconstruites, de gens qui n'ont rien commis d'autre après ces faits" de 2014, a-t-il ajouté.

Les peines sont "difficiles à accepter pour la victime au regard de la violence des faits", mais qui "certes, prennent en compte les années passées", a souligné l'avocat de la victime, Me Clément Diakonoff.

Un délai "aberrant" selon la défense

Dans son réquisitoire, l'avocate générale avait dépeint "une innocente dont le corps et la dignité ont été réduits à bien peu de chose trois jours durant" par trois femmes qui l'ont utilisée comme "défouloir existentiel". Mercredi dernier, la victime, aujourd'hui âgée de 24 ans, avait raconté à la cour des coups, des insultes, des menaces au couteau, des rapports sexuels forcés, dont elle ne parvenait pas à se souvenir en détail. "C'est une jeune fille de 15 ans que l'on a traitée autrement qu'un être vivant", avait déclaré son avocat, Me Clément Diakonoff, lors de sa plaidoirie.

Près de dix ans après, "quelle (Wendy H.) allez-vous condamner ? La Wendy d'il y a dix ans ou la Wendy d'aujourd'hui ?", avait demandé aux jurés son avocat, Me Mourad Battikh, regrettant le délai "scandaleux" qui s'est écoulé entre les faits et le procès. Le délai a été "aberrant" dans cette affaire, avait observé mercredi la présidente. "L'institution a failli", avait-elle ajouté.

Christel W., à l'époque "marginalisée" et "isolée" a depuis "beaucoup évolué", avait quant à lui affirmé son avocat, Me Quentin Dekimpe, soulignant que sa cliente était suivie par un psychiatre et par un psychologue. Les trois accusées ont exprimé tout au long du procès "honte" et "regrets", présentant leurs excuses à la victime à plusieurs reprises.

Avec AFP

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