Depuis ce lundi 5 juin, trois femmes comparaissent devant la cour d’assises de Nanterre. Il y a près de 10 ans, Elles sont soupçonnées de séquestration, de violences physiques, et d'avoir forcé une jeune femme de 15 ans à des relations sexuelles.
Leur procès aux assises de Nanterre (Hauts-de-Seine) s’est ouvert ce 5 juin. Danaé K., Wendy H. et Christel W., sont accusées d'avoir retenu trois jours durant, en avril 2014, la victime dans un appartement de Meudon (Hauts-de-Seine).
Les trois femmes ont obligé la jeune femme à avoir des relations sexuelles avec trois hommes contactés à cet effet, sous la menace de coups. Outre ces trois femmes âgées à l’époque de 21, 22 et 43 ans, ces hommes sont aussi jugés. Ils sont accusés de viol. Les relations sexuelles avec cette jeune fille de 15 ans n’auraient pas été consenties.
Les accusées sont renvoyées devant la cour d'assises pour séquestration "avec torture ou actes de barbarie". Ce groupe de six personnes comparait libre, sous contrôle judiciaire.
Séquestration, blessures et viols
D'après l’enquête, l'adolescente originaire de Seine-Maritime était en fugue. Elle avait rejoint d'anciennes amies, Wendy H. et Danaé K., en région parisienne. Elle avait raconté s'être disputée avec elles par le passé pour une "histoire de garçon". Dans un bar, les trois mises en cause ont, selon l'accusation, poussé l'adolescente à embrasser un homme rencontré sur place. Une fois rentrées au domicile de Christel W., elles l'ont ensuite forcée à avoir une relation sexuelle avec cet homme.
Les trois femmes ont par la suite réclamé quelques dizaines d'euros à Mahfoudh M., âgé de 32 ans à l'époque des faits. Pendant les jours suivants, la jeune victime a, toujours selon l'accusation, reçu coups et humiliations des trois accusées, qui ont surveillé et parfois filmé les relations sexuelles auxquelles elle était contrainte.
Mouloud B., 23 ans à l'époque, a reconnu avoir rémunéré les accusées "100 euros", affirmant face aux enquêteurs que la jeune fille était consentante et qu'il la pensait majeure. Raymond A., 37 ans à l'époque, nie les faits qui lui sont reprochés. Les trois accusées avaient expliqué lors de l'enquête avoir poussé l'adolescente à avoir des relations sexuelles tarifées afin de rembourser le coût d'un serrurier, appelé selon elles "par sa faute".
La police avait été alertée par un coup de téléphone de l'une des accusées à une connaissance de la victime, à qui elle avait dit prévoir de la "faire tourner dans des caves". La victime souffrait, après trois jours de séquestration, d'un œdème au visage, d'une plaie au tympan, d'hématomes sur les bras et les fesses et de lésions gynécologiques.
Étape nécessaire pour les parties civiles, trop tardive selon la défense
Ce procès était essentiel pour les parties civiles. "Ma cliente attend depuis presque dix ans que son statut de victime soit reconnu. Elle souhaite que les crimes d'une indéniable violence, commis par des adultes ayant pour certains plus du double de son âge, soient fermement condamnés", a déclaré Me Clément Diakonoff, avocat de la victime.
De leur côté, plusieurs avocats de la défense regrettent de voir le procès s'ouvrir plus de neuf ans après les faits. Leurs clients ont "changé de vie" et "évolué", se justifient-ils. "Ma cliente exprime aujourd'hui beaucoup de regrets, elle a avancé sur beaucoup de choses. Elle vit désormais loin de la région parisienne, reçoit des soins", a expliqué Me Quentin Dekimpe, avocat de Christel W.
"Ce dysfonctionnement judiciaire reflète l'état de la justice en France. Et qui en pâtit ? La victime d'abord, qui pendant dix ans avait le procès en tête. Et puis les accusés qui ont cette épée de Damoclès au-dessus de la tête", a affirmé Me Stéphane Maugendre, conseil de Mouloud B.
Le verdict est attendu le 9 juin.
Avec AFP