Emus et choqués, les paroissiens de la commune de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine se sont rassemblés jeudi pour une veillée de prière et de soutien au père Georges Vandenbeusch, leur ancien curé enlevé dans la nuit de mercredi à jeudi à l'extrême Nord du Cameroun, où il était installé depuis 2 ans.
Pour afficher leur solidarité à celui qui avait été leur curé neuf ans durant, jusqu'à son départ pour l'Afrique en 2011, les fidèles se sont rendus en nombre à l'église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux. Des dizaines de personnes ont dû rester debout dans les travées et au fond de la nef pendant toute la durée de la cérémonie. Une minute de silence y a été observée.
"On a su se mobiliser pour les journalistes enlevés, j'espère juste que George, demain, on ne l'oubliera pas. Ce soir, on est à chaud, c'est le choc, c'est l'émotion, mais Georges on pensera à lui tous les jours du temps, court je l'espère, de sa détention", a déclaré Cécile, mariée il y a cinq ans presque jour pour jour par le Père Georges dans cette même église.
Natif de Meudon (Hauts-de-Seine), orphelin à sept ans, le prêtre diocésain de 42 ans a été élevé par ses grands-parents ou oncles et tantes. Ordonné en 1998, il a d'abord été vicaire à Rueil-Malmaison avant de devenir curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Sceaux. "J'ai fait la connaissance de Georges quand il avait sept ans. Nous avons vu grandir Georges, nous l'avons accompagné à l'école. C'est quelqu'un qui, par son vécu personnel, porte en lui une double fracture et a voulu transformer ce double handicap en amour pour les autres", a raconté Simone, orthodontiste à la retraite et proche de l'homme d'Eglise kidnappé.
L'abbé Pierre en plus moderne
"J'ai toujours pensé que Georges aurait un destin en tant que prêtre, l'abbé Pierre en plus moderne", a-t-elle ajouté. Après trois ans de préparation, le Père Georges s'était envolé en 2011 pour la paroisse de Nguetchwe, à quelque 700 kilomètres au nord-est de Yaoundé, dans le cadre d'un échange de prêtres entre diocèses. Selon l'évêque de Nanterre, il était parfaitement conscient des risques encourus dans la région, où de violents combats opposent de l'autre côté de la frontière la secte islamiste Boko Haram à l'armée nigériane, et avait volontairement pris la décision de rester. "Un pasteur, le bon berger, n'abandonne pas son troupeau quand il traverse des épreuves", a rappelé Hugues de Woillemont, vicaire général du diocèse de Nanterre, dans son intervention aux paroissiens. "Je vous invite à prier pour les ravisseurs, parce que c'est là que notre foi est testée, dans notre capacité à aimer nos ennemis", a-t-il également déclaré.
Une quinzaine d'agresseurs ont attaqué la paroisse où résidait le Père Georges dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon les premiers éléments recueillis par le clergé, les agresseurs ont d'abord fouillé la maison adjacente des religieuses où ils ont essayé de forcer un coffre-fort. Ce répit a permis au prêtre de joindre sur son portable l'attaché militaire de l'ambassade de France à Yaoundé, avec lequel il était fréquemment en contact, avant son enlèvement. Une valise contenant un chéquier au nom du Père Georges a été retrouvée un peu plus tard sur la route menant à la frontière nigériane. L'enlèvement n'a pour l'instant pas été revendiqué.
Le diocèse de Nanterre a transmis la consigne à ses prêtres de mentionner le nom du Père Georges à toutes les célébrations religieuses, et ce jusqu'à sa libération.
L'évêque de Nanterre, Mgr Daucourt, a ainsi écrit : « Voilà donc Georges et tout notre diocèse associés de plus près aux souffrances et aux angoisses des victimes d’enlèvement et de leurs proches. Prions le Seigneur pour que Georges nous revienne vivant et rapidement, ainsi que tous ceux et celles qui dans le monde ont été enlevés.
L’ombre de la Croix se fait plus épaisse, mais la force de l’Esprit nous est donné pour nous tenir dans les ravins profonds avec la certitude que rien ne nous séparera de l’amour du Christ »