Il fut le bras droit de Patrick Devedjian pendant 38 ans. Et assure depuis son décès l’intérim à la présidence des Hauts-de-Seine. Sans surprise, Georges Siffredi devrait prendre la tête du conseil départemental ce lundi à l’issue d’une élection en assemblée plénière.
La présidence des Hauts-de-Seine ? Georges Siffredi l’assure, il n’y avait jamais pensé. Jusqu’à la mort brutale de son vieil ami Patrick Devedjian emporté par le covid-19 le 29 mars dernier. Le maire LR de Chatenay-Malabry et premier adjoint au conseil départemental est alors désigné pour assurer l’intérim au pied levé. Un intérim "actif" selon ses mots. "Je ne vais pas dire que cela a été simple mais les circonstances ont fait que je n’ai pas pu me contenter de la gestion courante. Il a notamment fallu débloquer un fond de solidarité de 80 millions d’euros à destination des citoyens les plus fragiles, des artisans, des commerçants et des communes en difficulté. Nous avons aussi mis en place un plan vélo. On a agi non-stop pendant un mois et demi."
Cette mission, Georges Siffredi entend bien la poursuivre. Il se présente ce lundi après-midi à la succession de Patrick Devedjian dont le mandat devait s’achever en mars 2021. Quitte à abandonner Chatenay-Malabry dont il vient d’être réélu maire avec 65,7 % des suffrages. Une commune qu’il a arraché à la gauche il y a 25 ans et qu’il va quitter, non sans "un pincement au cœur". "Légalement, je ne peux pas cumuler les deux. Je resterais donc au conseil municipal." Pour cette élection, la route semble toute tracée. Parmi les élus de la majorité, un seul candidat était sur les rangs : Eric Berdoati, maire DVD de Saint-Cloud et président du groupe de droite au conseil départemental. Mais il a jetté l’éponge le 20 mai. "Il voulait tout réformer, tout arrêter : la fusion avec le département des Yvelines, le musée du Grand Siècle... Des projets lancés par Patrick Devedjian et la majorité depuis 5 ans, raconte Georges Siffredi. J’ai dit de mon côté que je serais dans la continuité. Je n’allais pas tout bouleverser, ça n’aurait pas eu de sens, nous avions voté pour ça. Il y a eu une réunion de groupe où j’ai exposé comment je voyais les choses. Eric Berdoati était en phase avec ces propositions, il a donc retiré sa candidature."
"Faire le moins de vague possible"
Georges Siffredi, 63 ans, bras droit de Patrick Devedjian de la mairie d’Antony jusqu’aux rangs de l'Assemblée nationale, est alors désigné comme l’unique candidat de la droite. Sans concurrence en face. Avec 8 élus sur 46, la gauche est dans l’incapacité de lui faire barrage. "Ils ont fait le choix de faire le moins de vague possible pour les 9 mois qui restent, commente Gabriel Massou, président du groupe Front de Gauche et citoyen, PCF, Gauche Citoyenne au Conseil Départemental. Dans le département des Hauts-de-Seine, les seuls débats qui existaient c’était entre Patrick Devedjian et nous. Patrick Devedjian qui avait une certaine liberté de parole et n’était pas un petit soldat du parti. Il se faisait sa propre opinion quitte à ne pas toujours être en phase avec le discours dominant. Tous les autres membres de la majorité se taisaient. Georges Siffredi comme les autres. Il fait partie de ces élus qui connaissent bien les rouages, les élus et l’appareil politique. Il prend la succession pour valider ce que la majorité a entériné."Pas sûr que Georges Siffredi entende jouer ce rôle-là. Car l’homme fait déjà savoir qu’il souhaite assumer la fonction dans la durée. Agir dans la continuité, oui. Mais en redéfinissant les priorités en fonction des circonstances. "Nous allons faire plus sur le volet social. Il faut faire encore mieux et plus vue la crise que nous traversons. Nous investissions déjà beaucoup. Nous devrons investir encore plus notamment pour les communes qui ne peuvent plus dégager d’autofinancement."
Un programme salué par ses opposants de gauche mais qui ne va pas assez loin selon eux. Ils demandent une augmentation du fonds de solidarité logement pour venir en aide aux familles qui ne parviennent plus à payer leurs loyers. Et l’annulation ou le report des charges pour les habitants du parc social. "Ce sont des dépenses que le département peut financer. Nous avons chaque année près de 500 millions d’euros d’excédent", explique Gabriel Massou. Il réclame également un soutien financier plus important pour les associations de solidarité. "Les demandes ont explosé pendant le confinement. Ces associations sont à deux doigts de mettre la clé sous la porte. Nous demandons un geste fort pour combler leur déficit et leur permettre de continuer leur action."
Le rôle de chef d'orchestre
Autre sujet clivant, la fusion avec le département des Yvelines. Mais pour Georges Siffredi, pas question de stopper le projet porté par son prédécesseur et Pierre Bédier, président du département voisin. "Le texte n’est pas encore voté. Quel serait l’intérêt d’arrêter brutalement ? Cela va permettre une plus grande efficacité et des économies d’échelles non négligeables." Autant de points de discorde dont il faudra débattre dès cet après-midi, lors de cette première assemblée post confinement et post Patrick Devedjian dont la mémoire sera saluée à droite comme à gauche. "C’est une perte immense pour le département car c’était un grand homme politique, visionnaire, cultivé. C’était aussi un ami de longue date. Pendant 38 ans, nous avons partagé beaucoup de combats, raconte Georges Siffredi. J’ai été à ses côtés comme j’ai été aux côtés de Charles Pasqua, de Nicolas Sarkozy. Mais les choses évoluent, ce n’est plus comme avant. Il y a une vraie diversité politique dans ce département qui créée de la richesse. Dans cette diversité, je pense pouvoir jouer ce rôle-là, celui de chef d’orchestre."