Du béton déversé directement dans la Seine. C'est la découverte faite par un garde pêche à Nanterre. Pointée du doigt, l'entreprise E-Déf, filiale de Vinci Construction. Elle déverserait ses résidus dans le fleuve depuis 18 mois.
Par endroit, la profondeur de l'eau n'est plus qu'à 15 cm. Contre près de deux mètres normalement. A Nanterre, le béton a envahit la Seine sur une trentaine de mètres de long, à proximité immédiate du site d'E-Déf. L'entreprise, chargée de fabriquer du béton pour alimenter le chantier d'extension du RER E-Eole, aurait deversé plusieurs milliers de mètres cubes de béton dans le fleuve depuis des mois. Une pollution sans précédent pour la fédération de pêche de Paris.
"Les dégâts sont importants car c'est une zone de reproduction pour les poissons que l'on appelle la vandoise. Ca a brûlé tous les herbiers, l'écosystème, et je suis sûr que si on remonte le fleuve avec des plongeurs, les dégâts sont très importants", explique Jacques Lemoine, un agent de développement pour la pêche et la protection du milieu aquatique de la fédération de Paris.
C'est lui qui en mars dernier, lors d'une inspection de routine, a constaté ces rejets de ciment dans les eaux de la Seine. Une information révélée par nos confrères d'Europe 1. Il s'agit des eaux de nettoyage de camion toupie qui étaient rejettées directement dans le fleuve situé en contrebas. Une opération menée presque sous les fenêtres du siège du groupe de Vinci, situé à quelques centaines de mètres. Au vu de l'accumulation des résidus, les rejets qui remonteraient à plusieurs mois au moins.
"D'après les ouvriers que j'ai rencontré, cela faisait 18 mois que l'entreprise rejettait le ciment. Ce n'est pas un accident, c'est volontaire", poursuit Jacques Lemoine.
"Scandalisée d’apprendre qu’à Nanterre du béton du chantier Eole à été déversé directement dans la Seine. Je demande au groupe Vinci que toute la clarté soit faite dans cette affaire & des sanctions exemplaires contre ces pollutions sauvages !"
Scandalisée d’apprendre qu’à Nanterre du béton du chantier #Eole à été déversé directement dans la Seine. Je demande au groupe Vinci que toute la clarté soit faite dans cette affaire & des sanctions exemplaires contre ces pollutions sauvages! https://t.co/ltFKkn3GpF
— Valérie Pécresse (@vpecresse) April 24, 2019
Une enquête interne diligentée par Vinci
Sollicité par France 3, le groupe Vinci nous a fait parvenir un communiqué de presse dans lequel il explique avoir lancé une enquête interne: "Vinci Construction France a été alerté de cet écoulement involontaire de laitance de béton (caillou, sable et traces de ciment) le 19 mars dernier par l’association de pêcheurs (AAPPMA92) et la Fédération interdépartementale de pêche et a immédiatement mis en oeuvre les mesures nécessaires pour stopper cet écoulement, notamment avec le nettoyage de la zone et l’évacuation des matériaux vers des centres de traitement adéquats.
Tous les éléments relatifs à cet incident ont été transmis à la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie.
Après enquête interne, si des responsabilités individuelles venaient à être établies, des sanctions seront prises par VINCI Construction France.
VINCI Construction France regrette cet incident anormal et exceptionnel et se tient à l’entière disposition des autorités administratives et judiciaires dans le cadre de l’enquête qui pourrait être ouverte."
L'association de pêche des Hauts de Seine et de Paris ainsi que la fédération de Paris pour la pêche ont porté plainte pour abandon de dêchets et rejets en eau douce de substance nuisible. Ces délits prévus par le code de l’environnement peuvent entraîner des sanctions allant jusqu’à deux ans de prison et 75.000 euros d’amende.