À Montrouge, ce samedi 25 mai, des élèves, des parents et leurs professeurs ont défilé à travers la ville puis jusqu'à Paris. Objectif : apporter leur "flamme olympique" au Premier ministre. Une action symbolique pour dénoncer les critères de la réforme appelée "Choc des savoirs", et une baisse locale de leurs moyens.
Sur des musiques de Orelsan, ou de Mika, ils sont une trentaine de manifestants devant le collège du Haut-Ménil, à Montrouge (Hauts-de-Seine). Ce 25 mai, parents, professeurs et élèves se sont rassemblés, avec leur "flamme olympique".
Ils défilent à travers la ville, destination Paris. Leur objectif : remettre cette flamme au Premier ministre, Gabriel Attal. Un symbole très actuel pour dénoncer la baisse du volume d'heures de cours, dans les collèges de la ville. Des heures manquantes, pourtant nécessaires, selon les manifestants, à la mise en place des conditions de la réforme du "Choc des savoirs".
Un cortège bon enfant, pour dénoncer plusieurs insuffisances.
Tous unis dans un même cortège
En guise de "flamme olympique", ils ont choisi d'assembler plusieurs barres de natation en mousse. Le tout, assemblé d'un socle emballé dans de l'aluminium. Elle trône en tête du cortège, de même que plusieurs banderoles. L'une d'elles clame : "Collège en danger, tous mobilisés." Derrière, élèves, professeurs et parents défilent.
Parmi eux, il y a Fazia Kermad. Cette maman d'élève, membre de l'association FCPE au collège du Haut-Ménil, est excédée. "À Montrouge et dans d'autres établissements, il y a le problème de la dotation horaire globale. Elle ne cesse de baisser d'année en année. Le collège du Haut-Ménil va avoir pour l'année prochaine 42 heures en moins pour 6 élèves en moins, selon les prévisions. Cela reste des prévisions, mais l'année dernière, nous avons finalement eu 11 élèves en plus que prévu", déplore-t-elle.
L'impression, c'est que tout est fait pour nous faire fuir de l'école publique, pour nous orienter vers le privé.
Fazia Kermad, parent d'élève FCPE au collège du Haut-Ménil à Montrouge
Une dotation globale horaire en baisse aussi dans les autres établissements de la ville. Les projections de l'Éducation nationale prévoient 22 élèves en moins au collège Maurice Genevoix. Ce qui devrait entraîner le retrait de 71 heures de cours. Même chose au collège Robert Doisneau : pour 2 élèves en moins, l'établissement devrait se voir retirer 22 heures hebdomadaires de cours. Impensable pour cette parent d'élève, d'autant que la réforme du "Choc des savoirs" nécessiterait selon elle, plus d'heures de cours.
"Il nous faudrait 17 heures en plus. Au lieu de nous rajouter des heures, on nous en enlève, c'est scandaleux. Nos enfants ne sont pas des tableaux Excel, on parle ici de leur avenir. On conteste cette réforme, car elle n'apporte rien à nos enfants. Nous, parents d'élèves, FCPE ou pas, nous avons décidé de monter au créneau. Il y a toujours eu un mouvement des enseignants qui protestent contre les réformes, mais la différence, cette année, c'est la prise de conscience des parents", ajoute-t-elle.
Moins d'heures de cours allouées aux élèves
Au collège du Haut-Ménil, cette indignation se retrouve aussi au quotidien, chez des professeurs. "On a pu constater une fermeture de classe, alors que les effectifs ne diminuaient que sensiblement. On se retrouve maintenant avec des classes à 30 élèves en 6e. Deux classes à 30, et une à 29, alors qu'avant, on pouvait bénéficier de quatre classes, ce qui était un atout sensible pour le collège et qui attirait pas mal de parents chez nous", relate Françoise Dumont.
Elle dit "perdre deux heures de langue ancienne", soit autant "d'heures d'enseignement" en moins. Incompréhensible, d'après elle : "En tant que prof de français, on avait des dédoublements, presque à chaque niveau, pour l'accompagnement personnalisé des enfants en demi-groupe. On perd ces dédoublements. Il va y avoir des groupes de 25 à 30 élèves, l'an prochain. Il faudrait des groupes de 15, mais ce n'est pas possible, donc ce sont des groupes de 25 au mieux. Il n'y a plus de demi-groupes."
La diminution de ce nombre d'heures pose un dilemme, d'après la professeur de lettres classiques.
Est-ce qu'on va sauver des postes de collègues en congé ou est-ce qu'on va dédoubler pour avoir une meilleure éducation pour nos élèves ?
Françoise Dumont, professeur de lettres classiques au collège du Haut-Ménil à Montrouge
Elle précise : "Nous avons ce qui est appelé des 'services'. Ce sont des heures que nous devons, mais elles ne correspondent pas au taux horaire de chaque classe. On s'arrache les cheveux pour faire des 'services' cohérents, pour nous et pour les élèves. On doit maintenant se déchirer entre nous, pour savoir qui va en bénéficier."
La professeur de lettres classiques déplore en outre les contours de cette réforme du "Choc des savoirs". "L'académie nous répond que ce ne sont pas des 'classes de niveau', mais des 'classes de besoin'. On ne comprend pas du tout. On nous laisse une liberté, mais au final, c'est une lourde responsabilité de savoir comment répartir nos élèves, ce qui est le mieux pour eux. Quant à la répartition des 17 heures données, on ne les a pas", complète-t-elle.
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Le cortège n'a finalement pas pu atteindre Matignon, pour remettre leur "flamme olympique". Ils se sont en revanche joints à la manifestation parisienne, à la Sorbonne, contre la réforme du "Choc des savoirs".
Écrit par Toky Nirhy-Lanto avec Abdellali Joudi