Puteaux : le préfet des Hauts-de-Seine demande le retrait de banderoles critiquant la campagne de vaccination

Après l’affichage sur l’hôtel de ville de Puteaux de banderoles pointant du doigt la gestion de la campagne vaccinale, le préfet a demandé leur "retrait". "De quel droit le préfet l'exige ?", s'interroge la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud, qui ne compte pas faire retirer les messages.

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Twitter serait-il devenu le premier moyen de communication entre la préfecture des Hauts-de-Seine et la mairie de Puteaux ? Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la maire LR, a en tout cas publié mardi sur le réseau social une photo mettant en avant deux banderoles affichées sur le fronton de l’hôtel de ville. On peut y lire deux messages en lettres majuscules : "TOUS VACCINÉS, TOUS PROTÉGÉS… A QUAND LES VACCINS COVID-19 ?", et "CITOYENS EN COLÈRE : PUTEAUX EST PRÊT MAIS PAS L’ÉTAT !".

"VACCINS : PUTEAUX EST PRÊT... MAIS PAS L'ÉTAT QUI VIENT DE LOUPER L'EXIGENCE DE TRANSPARENCE, dénonce ainsi l’édile. NOUS SOMMES PRÊTS À COMMANDER NOUS-MÊME DES VACCINS POUR UNE MEILLEURE EFFICACITÉ ET POUVOIR OUVRIR NOTRE CENTRE DE VACCINATION. LES MAIRES SONT AGILES LORSQUE L'ÉTAT EST GAUCHE."

Une communication qui n’a visiblement pas plu au préfet des Hauts-de-Seine Laurent Hottiaux. Dans une lettre datée de mercredi, envoyée à Joëlle Ceccaldi-Raynaud et relayée publiquement sur Twitter, le préfet dit "avoir pris connaissance avec étonnement des banderoles".

"Il ne serait pas raisonnable d'entretenir des confusions, des ambiguïtés ou des polémiques"

"Ma surprise est d'autant plus grande que nous avons échangé cette semaine sur ce point en toute transparence et que vous êtes parfaitement informée de la situation", affirme le fonctionnaire.

"S’agissant de la vaccination, le département a été parmi les premiers départements de France à recevoir les vaccins et les premières injections ont été effectuées dès le 29 décembre", poursuit le préfet, qui souligne un engagement "total" de l’Etat. Laurent Hottiaux évoque aussi des "efforts" ayant permis la vaccination de 21 702 personnes dans les Hauts-de-Seine, en date du 26 janvier.

"Les éléments que vous avancez sont de nature à créer de la confusion parmi les habitants de votre commune, fustige le représentant de l’Etat. Il vous appartient au contraire de relayer qu’aucune discrimination n’est appliquée et qu’ils peuvent se rendre dans n’importe quel centre de vaccination, à condition de remplir les conditions d’éligibilité de cette première vague. Je relève en outre que plusieurs centres sont ouverts dans l’environnement proche de la commune de Puteaux."

Le préfet demande enfin de "procéder au retrait de ces banderoles" : "La vaccination étant un enjeu majeur de santé publique, il ne serait pas raisonnable d'entretenir des confusions, des ambiguïtés ou des polémiques qui ne peuvent que nuire à une gestion efficace de l'épidémie qui doit être un objectif partagé".

"La mairie de Puteaux n’étant pas l’annexe de la Préfecture (…) je n’enlèverai pas cette banderole"

Face à ce courrier publié en ligne, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a une nouvelle fois répondu via Twitter. L’élue se dit "étonnée de voir une correspondance privée rendue publique" : "A quelles fins ? Le dialogue entre l’Etat et les maires, élus par le suffrage universel est-il impossible ? Nous, élus, sommes les seuls face aux peurs de nos concitoyens quand l’Etat prend des décisions."

La maire demande ainsi au préfet de réserver "des créneaux aux citoyens des communes qui n’ont pas de centre de vaccination pour que l’égalité face aux vaccins soit réelle".

Dans une nouvelle lettre datée de ce jeudi, de nouveau relayée sur Twitter, Joëlle Ceccaldi-Raynaud souligne "la colère des Putéoliens" : "Cette banderole ne fait que refléter la réalité d’une situation que chacun peut constater ; elle crie haut et fort ce que tout le monde exprime. La mairie de Puteaux n’étant pas l’annexe de la Préfecture et dans le droit fil du principe de libre administration des collectivités territoriales, je n’enlèverai pas cette banderole."

La maire dit "ne pas douter" de la mobilisation de la préfecture, mais dénonce une situation "franchement inadmissible" à propos de la campagne vaccinale, évoquant entre autres des services "actuellement submergés d’appels" d’habitants éligibles à la vaccination et des plateformes de rendez-vous "inaccessibles". Joëlle Ceccaldi-Raynaud critique par ailleurs l’"indignité" du mode de diffusion de la lettre du préfet sur les réseaux sociaux.

Contactée, Joëlle Ceccaldi-Raynaud confirme à France 3 Paris IDF qu'elle ne fera pas retirer les banderoles : "De quel droit le préfet l'exige ?". L'élue indique par ailleurs n'avoir eu "aucun retour" ni "aucun appel" de la préfecture depuis la publication de la lettre de Laurent Hottiaux.

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