REPORTAGE. "J'ai cru que j'allais devoir renoncer à me soigner, car c'était vraiment trop cher", les Franciliens renoncent de plus en plus aux soins

Entre difficultés d’accès aux soins ou manque d'argent, plus de trois Franciliens sur 10 ont renoncé ou reporté des soins médicaux. La CPAM des Hauts-de-Seine organisait ce mercredi une journée d'information sur le parvis de la Défense. Objectif : informer et expliquer les droits et les démarches pour mieux se soigner.

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Patricia est venue ce midi glaner des informations sur le parvis de la Défense pour cette 7e journée de la Santé organisée par l’Assurance maladie des Hauts-de-Seine. Au programme : conférences et animations sur le thème de la santé."J’ai des problèmes de dos, alors lorsque j’ai reçu une invitation pour cette journée, j’ai pensé que peut-être, je trouverai ici les réponses à mes questions", explique-t-elle.

"Je suis à la retraite depuis quelques années et pour l’instant, je n’ai pas eu de gros problèmes de santé", se félicite cette habitante de Nanterre. "Je me suis rarement trouvée dans une situation où je devais renoncer à me soigner, mais l’an dernier alors que je souhaitais me faire soigner les dents, mon dentiste m’a annoncé des dépassements d’honoraires énormes". Une radio panoramique à 250 euros et un devis pour 1000 euros pour la dévitalisation de ses deux dents. "J'ai cru que j'allais devoir renoncer à me soigner, car c'était vraiment trop cher", s'exclame-t-elle. Finalement, une voisine lui conseille d'aller au dispensaire à Nanterre. "Les soins ont été très bien faits", se réjouit-elle. Elle a déjà prévu un nouveau rendez-vous dentaire dans ce centre.

"On m'a remis un devis, il s’élève à 5000 €"

Même problème dentaire pour Ajar réceptionniste en CDD dans un hôtel. "Les dents, c’est vraiment un gouffre financier", explique cette femme d’origine syrienne couverte par la CMU, la couverture médicale universelle.

"J’ai des gros soucis avec les dents de devant qui ont été cassées lors d’une chute", raconte Ajar. Pour l’instant, elle porte un appareil dentaire amovible, "mais c’est très inconfortable", souligne-t-elle. "Malheureusement, je n'ai pas les moyens actuellement de mettre des implants. On m'a remis un devis, il s’élève à 5000 €."

Josiane attend un rendez-vous au stand "accès aux droits et aux soins", installé sous l'une des tentes face à la grande Arche. Elle souhaite obtenir des informations sur une meilleure prise en charge santé depuis le décès accidentel de son mari. Cette femme au foyer qui se débat dans des difficultés financières importantes, explique renoncer à de nombreux soins pour elle et pour son fils de 19 ans. "Je n’ai pas de complémentaire", explique-t-elle. "J’ai mes lunettes à refaire, car ma vue a baissé, mais pour l’instant, je n’ai pas les moyens de me racheter une paire de lunettes progressives", déplore-t-elle. 

Elle souhaiterait être aidée parce que d'après les renseignements qu'elle a pu avoir, elle pourrait avoir accès à une meilleure prise en charge de ses soins médicaux. Pour l'instant ce n'est pas possible, ses revenus sont trop élevés, il dépasse de 50 euros le plafond. Josiane part rejoindre la conseillère CPAM dans l'espoir d'une solution.

Une journée Santé à la Défense

Ce mercredi 18 septembre, la CPAM des Hauts-de-Seine a installé des barnums sur le parvis de la Grande Arche de la Défense. Entre 10 heures et 18 heures, elle propose à tous de suivre gratuitement des conférences : sur le dépistage des cancers, l’alimentation et la diététique, mais aussi sur les écrans et les addictions.

Des animations permanentes sont aussi proposées au public. Là aussi, les thèmes sont variés : conseil et accès aux droits et aux soins, aide financière, présentation de l’examen de santé gratuit et prise de rendez-vous.

Christian Collard, directeur général de l’Assurance maladie des Hauts-de-Seine connaît bien le problème du renoncement aux soins. "Plus de 6 % des personnes en affection longue durée (ALD), n'ont pas ou n'arrivent pas à avoir de médecin traitant", observe-t-il. "Alors que ce sont des personnes qui ont souvent des pathologies lourdes".

La CPAM a mis en place une action auprès des médecins pour leur demander d'accepter de nouveaux patients. "Grâce à cette action, on estime qu'on a permis à 1500 patients en ALD d'avoir un médecin traitant sur le 92".

Rendre plus facile l'accès aux soins

"C’est aussi la rareté de l’accès à la ressource médicale qui complique le bon suivi des assurés sociaux", reconnaît Christian Collard. La solution de la CPAM repose sur le principe du "allez vers", c’est-à-dire contacter les assurés sociaux pour les informer de leurs droits et demander aux médecins de prendre de nouveaux patients.

La CPAM propose des rendez-vous dans leurs centres d’examen de santé. "Dans ces centres, on ne soigne pas, mais on fait des bilans de santé", décrit-il. "Les personnes sont ciblées et peuvent avoir accès à plusieurs examens : examen clinique, examen cardiologique, analyse sanguine…". Plus de 4000 rendez-vous par an ont été proposés par l'antenne des Hauts-de-Seine.

En 2023, trois Franciliens sur dix déclarent avoir été obligés de renoncer ou de reporter, voire d'annuler des soins ou des examens médicaux, note le baromètre des Franciliens de l'Institut Paris région, publié en mars 2023. 

"Dans un contexte durablement marqué par l’inflation et les tensions sur l’accessibilité des médecins, les raisons financières et le délai d’obtention d’un rendez-vous sont les motifs avancés", peut-on lire dans ce baromètre.

Les soins dentaires et ophtalmologiques arrivent largement en tête des soins pour lesquels des renoncements sont déclarés, suivis des consultations chez le généraliste et de celles chez le gynécologue pour les femmes.

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