Des heurts dans une cinquantaine de lycées en Ile-de-France

Des heurts parfois violents ont opposé lycéens et policiers ce matin. Une cinquantaine d'établissements de la région ont connu des perturbations. Quatorze d'entre eux ont été bloqués. Plusieurs policiers et élèves ont été blessés.  

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Si le ministère de l'Éducation recense une mobilisation "plutôt à la baisse" d'après les remontées d'une quinzaine d'académies sur trente, celles de Créteil et de Versailles restent particulièrement touchées. En tout, ce sont au moins 56 lycées de la banlieue parisienne qui ont connu des tensions ce matin. 

A Herblay-sur-Seine dans le Val d’Oise (95), environ 400 élèves du lycée Montesquieu ont tenté de bloquer leur établissement en brûlant notamment des poubelles devant l’entrée. A leur arrivée, les policiers et les pompiers ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles en verre. "Il y avait de la fumée mais les pompiers ont pu éteindre l’incendie", raconte Manuelle, une lycéenne de 17 ans. "La situation est revenue vers 11h à la normale. Mais il y a des fouilles pour pouvoir rentrer dans le lycée."
 

 

Touché par un tir de flashball, un élève hospitalisé 

Feux de poubelles, jets de projectiles, des incidents ont éclaté ce matin vers 10h devant le lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse (95). A ce moment-là, près de soixante-dix jeunes se trouvent devant l'établissement pour manifester. Un petit groupe d’adolescents lance alors des projectiles sur les forces de l’ordre, présentes sur les lieux. Les policiers tentent d’interpeller deux jeunes. Un tir de riposte est alors effectué avec un lanceur de balles de défense, calibre 40. Un jeune homme de 17 ans, élève de terminal S, est touché par ce tir de flashball. Blessé au visage, il est pris en charge par les pompiers, arrivés sur place. Il est immédiatement transporté au CHU de Gonesse, en "état d’urgence absolue". Mais "son pronostic vital n’est pas engagé. Ses jours ne sont pas en danger", souligne la Préfecture du Val d’Oise. Touché à la joue, le mineur a été pris en charge médicalement au sein de l’hôpital, où il devrait subir des opérations. Au total, depuis ce matin une quinzaine de lycées du Val d’Oise sont touchés par ces mobilisations lycéennes. 53 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre, ce mercredi, dans ce département.

En Seine-Saint-Denis (93), dix personnes ont été interpellées ce matin. Notamment après l'incendie d'un véhicule aux abords du lycée Jean-Perrin à Saint-Ouen-l’Aumône. Un établissement où ont eu lieu des affrontements avec les forces de l'ordre comme en atteste ces images d'une vidéo amateur. 
  D'après le syndicat d'enseignant SNES-FSU 93, ce sont pas moins de 14 lycées de Seine-Saint-Denis qui ont connu des blocages : Le Corbusier (Aubervilliers), Eugène Hénaff (Bagnolet), Jean Renoir (Bondy), Louise Michel (Bobigny), Eugène Delacroix (Drancy), Jacques Feyder (Epinay), Paul Robert (Les Lilas), André Boulloche (Livry), Condorcet et Jean Jaurès (Montreuil), Flora Tristan (Noisy-le-Grand), Olympe de Gouges (Noisy-le-Sec), Paul Eluard (Saint-Denis), Auguste Blanqui (Saint-Ouen), Maurice Utrillo (Stains), Georges Clemenceau (Villemomble). 
   

A Paris, quatre policiers blessés

À Paris, à la Porte de Vanves dans le 14e arrondissement, la manifestation d'environ 200 lycéens de François Villon a entraîné des perturbations sur la ligne T3a du tramway pendant près de 3h. Quatre policiers ont été blessés (l'un aurait eu notamment des dents de cassées) et cinq personnes ont été interpellées pour dégradations et jets de projectiles. 
 
Quinze autres personnes ont été arrêtées dans l'Essonne (91), notamment pour jets de projectiles à Bondoufle où une centaine de jeunes s'étaient réunis devant le lycée Truffaut. La gendarmerie appelle au calme les manifestants.  
 
Dans le Val-de-Marne (94), cinq lycées étaient mobilisés, avec des feux de poubelles et des entrées filtrées. Deux personnes ont notamment été interpellées à Nogent-sur-Marne devant le lycée Louis-Armand.
Dans les Hauts-de-Seine (92), ce sont neuf lycées qui ont été mobilisés ce matin, avec des heurts entre cinquante manifestants et les forces de l’ordre au lycée René Auffray de Clichy-la-Garenne. Les lycéens ont brûlé des poubelles devant les grilles.
 
A Chelles en Seine-et-Marne (77), un lycéen a été interpellé en possession d’un bidon d’essence, et des grenades de désencerclement ont été utilisées devant le lycée Jean Rostand de Mantes-la-Jolie (78). Des bouteilles de gaz ont également été découvertes aux abords de l'établissement. 
 


"Une violence qu'on avait jamais vu"

Depuis la semaine dernière, des rassemblements et des blocages d'établissements sont organisés un peu partout en France. Les lycéens contestataires appellent notamment à l'abandon des réformes du lycée et de la plateforme parcoursup. Mercredi matin, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer s'est déclaré sur France Info préoccupé par une "violence qu'on n'a jamais vue", souvent le fait de "voyous", en appelant à la "responsabilité de chacun". "Ce qui se passe là est dangereux", "quatre lycéens se sont blessés assez grièvement" ces derniers jours, souvent "en voulant enflammer des poubelles", a-t-il souligné. "Ils se mettent en danger" alors que "la révolte des gilets jaunes n'a aucun rapport avec les réformes scolaires", a-t-il estimé. "Ce qui est inquiétant n'est pas le nombre" de lycées touchés, "qui reste faible", mais le fait que "le mouvement est d'emblée extrêmement violent" avec "des gens, qui comme dans les manifestations (des gilets jaunes, ndlr) de samedi dernier n'ont plus de limites".

De leur côté, des syndicats lycéens appellent à maintenir la pression et à intensifier le mouvement jeudi et vendredi par une "mobilisation générale" avec blocages d'établissements et manifestations.


 
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