On ne voit pas souvent d'agricultrices ou de maraîchers heureux dans les médias, et pourtant... Dans son documentaire "Les champs du possible", la réalisatrice Lucia Barahona est partie à la rencontre des femmes et hommes qui, un jour, ont décidé d’agir et de s’engager dans l’agriculture et l'alimentation durables en Île-de-France. Des aventuriers du quotidien, contents de leur choix, et dont le discours se situe à des années-lumière des déclarations moralisatrices.
À la ferme de la Ronce à Marcoussis dans l’Essonne, Sébastien Bouet est désormais heureux. Il est devenu maraîcher après avoir passé des années chez Renault et quitté un emploi très rémunérateur pour se consacrer à sa ferme. Le déclic ? L’envie de consacrer ses compétences à un métier qui a du sens. « Chez Renault, j'organisais des réunions de deux heures pour décider de la signature visuelle d’un véhicule pour qu’on le voit à 200 mètres... Un jour je me suis dit c’est pas possible, ce n’est pas pour ça que j’ai fait autant d’années d’études ». Aujourd’hui, Sébastien avoue avoir divisé ses revenus par trois en faisant le choix de l'agriculture « mais l’indice de bonheur a été multiplié par 10 » ajoute-t-il dans un grand sourire. Le néo-maraîcher fait aujourd’hui de la vente à domicile, mais reçoit également des clients qui viennent composer un panier de légumes directement à la ferme. Pas de tomates en janvier, bien entendu, mais des tas d’autres légumes selon les saisons. Le principe est tout simple, les prix abordables, et les clients satisfaits.
Vendre sa production au plus près de l’endroit où elle a poussé, c’est un des axes connus pour sauver la biodiversité et l'agriculture respectueuse de l'environnement, mais ce n'est pas le seul. Le film de Lucia Barahona démontre que produire et consommer une alimentation saine et durable, c’est totalement possible, et sans tomber dans les clichés qui voudraient que cet objectif ne puisse être atteint qu’en imposant des privations à tous, bien au contraire. Le chef du restaurant parisien le Fief, Victor Mercier, en est une illustration frappante. Il n’utilise que des produits venus de France et parvient à sortir une cuisine raffinée et délicieuse qui parvient à régaler ses clients. Au Fief, rien d’importé de l’étranger : même les combavas (très présents dans la cuisine thaï) viennent d’un site de production situé près de Montpellier. Le poivre vient du Gers, et les produits uniquement trouvables hors d'Europe, comme le café, sont tout simplement bannis... Il n'empêche, l'expérience gustative est formidable...
"Les Marmites Volantes" vont encore plus loin dans la combinaison vertueuse et gourmande. Ce restaurant inclusif, basé à Paris, propose des plats préparés et livrés à domicile, mais attention, tout a été pensé pour que l’empreinte carbone soit au plus bas. Les plats sont conditionnés dans des marmites en métal consignées, livrées à vélo par des livreurs salariés de l’entreprise. Les déchets sont triés et compostés par des associations locales, et le recrutement est largement ouvert aux « gens qui sont chroniquement éloignés de l’emploi » comme l'explique Ariane Delmas, la co-fondatrice de la structure.
En s'intéressant à des acteurs qui font bouger les lignes avec discrétion et enthousiasme, "Les champs du possible" vise à inspirer le grand public. un film accessible et ouvert, qui peut servir d’outil pour mieux appréhender les démarches possibles, à la portée de tous, pour se nourrir de manière plus écologique et responsable.
Les champs du possible, jeudi 3 mars à 23 heures dans La France en vrai
