Des maires de tous bords politiques s'inspirent de l'arrêté pris par le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine) pour interdire les pesticides à moins de 150 m des habitations. Des textes cassés par la justice administrative mais souvent soutenus par les habitants.

Une maire socialiste, un autre communiste et le dernier Les Républicains. Les maires de Perray-en-Yvelines (Yvelines), Pierrelaye (Val d'Oise) et Sceaux (Hauts-de-Seine) ont en commun d'avoir chacun pris un arrêté anti-pesticides.

Dans une lettre adressée au président de la République, Michel Vallade, maire de Pierrelaye explique ainsi répondre "à une légitime préoccupation des habitants et des parents de Pierrelaye" expliquant "que les Maires ont l'obligation et le devoir de prendre au titre de leurs pouvoirs de police toutes mesures de nature à prévenir et à faire cesser toute pollution". 

En Bretagne, un texte suspendu par le tribunal administratif

"Chaque jour, un maire prend un nouvel arrêté. D'après ce que je sais, on a dépassé la trentaine en France", explique Daniel Cueff, maire de Langouët (Ille-et-Vilaine). "Certains m'appellent même pour me demander si mon arrêté est libre de droits."

M. Cueff a pris le 18 mai un arrêté interdisant l'utilisation de produits phytopharmaceutiques "à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel". Ce texte a été suspendu mardi par le tribunal administratif de Rennes, saisi par la préfète d'Ille-et-Vilaine, au motif qu'un maire n'est pas compétent pour prendre des décisions sur l'utilisation des pesticides.

"Ce qui exaspère les maires, c'est que le gouvernement ne fait rien et qu'il empêche en plus les maires d'agir pour protéger les habitants", a affirmé M. Cueff, qui dit avoir reçu 47.000 messages de soutien et un appel de Nicolas Hulot.  

"Cri d'alerte"

Le maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent, secrétaire général de l'Association des maires de France, qui a aussi signé un arrêté, défend "une façon de mettre le débat sur la place publique" alors que la population est "à 90% en faveur de l'interdiction, même plus."

"Ce n'est pas un coup d'épée dans l'eau, il ne faut pas que ce soit un truc ponctuel. C'est pour cela d'ailleurs qu'autant de maires ont pris ce type d'arrêtés", dit-il.

Contestés par les préfectures, tous ces arrêtés devraient donner lieu à des recours en justice.

Jeudi, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a promis que l'État imposerait des "zones de non traitement", si riverains, élus et agriculteurs n'arrivaient pas à se mettre d'accord pour établir ensemble des "chartes" territoriales d'épandage. Il a évoqué une zone de "deux" à "cinq" mètres autour des habitations.

En juin, le Conseil d'État avait en partie annulé un arrêté interministériel réglementant l'utilisation des pesticides en estimant qu'il ne protégeait pas suffisamment la santé des riverains ni l'environnement.
 
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