Dans une cité du 93, des petits papiers brisent enfin la loi du silence sur les dealers.
Des petits papiers glissés par des habitants excédés d'une cité de l'Ile-Saint-Denis (93) à des policiers enquêtant sur un trafic de drogue ont contribué à mettre fin au trafic et brisé du même coup la loi du silence qui règne d'ordinaire en la matière.
Cinq jeunes hommes âgés de 16 à 25 ans, dont deux mineurs, ont été interpellés mardi matin, après deux mois de surveillance policière et un petit "coup de pouce" des habitants qui ont livré quelques indications par écrit confirmant les informations déjà récoltées par les policiers.
"On a été surpris. D'habitude, les gens appellent le commissariat ou se taisent.
Là, certains nous ont fait passer discrètement des papiers avec les coordonnées des voyous, ou les ont cachés derrière une sonnette pour qu'on les trouve", explique
un policier.
"La peur de parler est dûe au fait que, vu leurs niveaux de salaires, les gens savent
qu'ils ne peuvent pas déménager et s'ils se mettent les dealers à dos, leur porte
va être brûlée ou leur box de garage fracturé".
Remarquant les allées et venues de toxicomanes sur l'Ile-Saint-Denis, les policiers
des commissariats de Saint-Denis, Saint-Ouen (93) et Gennevilliers (92) avaient lancé une surveillance au début de l'été, interpellant une cinquantaine de clients en deux mois.
Les policiers ont identifié une équipe de cinq dealers qui "servaient jusqu'à 300 clients par jour" en bas de plusieurs immeubles HLM. Les policiers ont interpellé les cinq suspects tôt mardi matin.
Les deux mineurs ont été déférés cette semaine et les trois majeurs ont été laissés libres et comparaîtront devant un juge. 5.000 euros et quelques grammes de résine et d'herbe de cannabis ont été saisis. "On n'a pas trouvé la planque mais ça a permis de mettre un coup de massue au trafic", s'est réjouie la police