François Fillon et Rachida Dati lorgnent la même circonscription pour les législatives de 2012. Bagarre en vue.
François Fillon et Rachida Dati lorgnent la même circonscription pour les législatives à Paris en 2012. Une rivalité qui s’est exacerbée aujourd’hui, via médias interposés. Le prémices d'une belle bagarre!
La rivalité Fillon/Dati
La guerre est donc déclarée. Finis les fleurets mouchetés des derniers mois. A la fin de l’envoi ils touchent. Première estocade, Pierre Lellouche ce matin dans le “Figaro” “je peux vous le confirmer François Fillon va venir à Paris pour les législatives, dans la 2e circonscription”. Officiellement le premier ministre se consacre tout entier à sa tâche à Matignon. Il ne peut s’exprimer publiquement sur Paris. Depuis plusieurs mois, il charge régulièrement des proches de distiller des rumeurs sur sa venue à Paris pour maintenir la pression. Mais Lellouche change de braquet. Il officialise quasiment l’arrivée du premier ministre. Une necessité pour contrer les dernières sorties médiatiques de Rachida Dati qui brigue également la circonscrition (à cheval sur le VII, VI et V ème arrondissements). La réplique de Rachida Dati ne s’est pas faite attendre. Sur RTL ce matin avec Jean-Michel Apathie. Et là aussi on change de braquet. Elle s’en prend directement à François Fillon alors qu’auparavant elle visait les élus parisiens qui lui sont hostiles. Extraits “Je ne savais pas que monsieur Lellouch était le porte-parole de François Fillon. C’est un grand garçon, monsieur Fillon. Donc, s’il veut dire des choses, il peut les affirmer lui-même (…)Moi je travaille tous les jours pour les habitants du 7ème.Pourquoi je ne serais pas légitime à me présenter dans mon arrondissement ? (…)Notre parti a promu la diversité, la mixité, la parité. Dans le climat dans lequel nous sommes en ce moment, il y en a un petit peu assez qu’on s’essuie toujours les pieds sur les femmes. Donc, je ne vois pas comment François Fillon peut arriver, ça ne lui ressemble pas, m’évincer, simplement au seul motif : qu’il est Premier ministre ou qu’il en a marre de la Sarthe-qui je le rappelle : la Sarthe lui a permis de faire carrière de le conduire au poste de Premier ministre. Donc, ce serait un petit peu ingrat vis-à-vis de ses électeurs et de son département mais aussi ça serait un peu violent de pratiquer la Politique de cette manière”
Chacun choisit son camp
Voilà pour l’exposé du clash. Passons à l’examen des forces en présence. François Fillon a le soutien des instances de l’UMP Paris. Philippe Goujon, le président de la fédération et Jean-François Lamour président du groupe UMP au conseil de Paris. Plus quelques élus qui sont des proches ou des membres de son cabinet. Et enfin Jean Tibéri, prêt à mettre son réseau du Vème au service de Fillon, ce qui n’est pas à négliger.
Rachida Dati est plus isolée. Elle a le soutien de Claude Goasguen et de François Lebel, maire du VIIIème. A l’UMP, elle aurait en coulisse l’appui de Jean François Copé qui a fait monter au créneau Christian Jacob la semaine dernière pour la soutenir. François Fillon cherche en ce moment à isoler Rachida Dati. Il rencontre beaucoup d’élus parisiens à son bureau en ce moment. Pierre Lellouche donc, Françoise de Panafieu, mais aussi Martine Aurillac et surtout Michel Dumont, l’ancien maire du VII ème qui a dû laisser sa place à l’ex-ministre de la justice. Rachida Dati, en retour peut-elle compter sur les cinq autres maires d’arrondissement avec qui elle mène la contestation contre la liste UMP parisienne pour les élections sénatoriales ?
Une liste UMP dissidente pour les sénatoriales
Hier soir à la commission d’investitures, ils n’ont pas eu gain de cause. Ils réclamaient la quatrième et dernière place éligible pour Pierre Charon, à la place de Daniel-Georges Courtois, un très proche de Fillon. Le premier ministre n’était pas présent pour cette commission d’investiture. Selon un témoin, il y aurait eu une petite altercation entre Copé et Goujon sur la liste parisienne. Copé se faisant un plaisir de rappeler à Goujon que celui-çi avait été candidat dissident en 2004.
La question aujourd’hui est de savoir si Pierre Charon va conduire une liste à coté de la liste officielle conduite par Chantal Jouanno? Aujourd’hui plusieurs élus parisiens se sont réunis à ses côtés et envisagent de soutenir cette liste “alternative”. Pour protester contre le clanisme de la fédération UMP de Paris et de ses dirigeants. C’est aussi un avertissement subtil adressé à François Fillon. “Nous ne sommes pas contre la venue de François Fillon à Paris. Mais nous voulons savoir pourquoi il vient. Et surtout qu’il le fasse dans un esprit de rassemblement en s’appuyant sur tout le monde et non sur le clan Lamour/Goujon” explique l’un d’entre eux. “Les signaux envoyés ne sont pas de lui. François Fillon laisse parler les autres, ses proches. Ca commence à devenir malsain“-renchérit Brigitte Kuster maire du XVII ème- “personne à lui seul ne peut detenir la clé à Paris. c’est une bataille collective de vingt arrondissements. A force de ne pas être écoutés, ça ne peut pas durer, on atteint les limites. Ceux qui ne sont pas entendus vont vouloir se faire entendre”.
Dans l’entourage de François Fillon, on estime que la coalition autour de Rachida Dati comme celle autour de Pierre Charon sont trop hétéroclites pour tenir longtemps. Mais on est persuadé d’une chose: Rachida Dati ne lâchera pas le morceau facilement