Soutenue par des associations, plusieurs familles mal-logées ont investi cet ancien établissement de santé.
L'association Droit au logement (Dal) et le collectif Jeudi Noir ont "réquisitionné" dans la nuit de samedi à dimanche une clinique désaffectée au pied de la butte Montmartre à Paris, afin de placer la question du logement au coeur de la campagne présidentielle. (AFP)
A la faveur de la nuit, 25 personnes, dont quatre familles et six enfants, ont investi la clinique Duhesme dans le XVIIIe arrondissement, a constaté une journaliste de l'AFP. Certains sont en logement précaire, d'autres sont des foyers reconnus prioritaires Dalo (Droit au logement opposable). Dimanche matin, ils occupaient quelques-unes des 25 chambres de l'établissement de santé.
"Notre but est de placer le logement au coeur de la campagne", déclare Manuel Domergue de Jeudi Noir, qui aimerait faire de la clinique Duhesme "le bâtiment emblématique de la fin de campagne". "S'ils ne sont pas poussés aux fesses, ils ne vont pas spontanément parler de logement", regrette-t-il en parlant des candidats.
"Le logement est salubre, à l'abandon depuis trois ans et il n'y a pas de projet pertinent, il est donc légitime qu'on l'occupe", dit Simon Cottin-Marx, militant de Jeudi Noir. "Depuis qu'on a été expulsés de la rue Matignon, le 18 février 2011, on recherchait un endroit", raconte Manuel Domergue. Entre décembre et février 2011, le collectif avait squatté un immeuble de bureaux vide proche de l'Elysée.
Il avait ensuite tenté deux autres occupations, boulevard de la Madeleine (2e), puis rue de Chateaudun (9e), mais la police, prévenue très tôt, les avait immédiatement expulsés.
Du coup, cette fois-ci, "on est en mode parano, on a pris un maximum de précautions", racontent-ils. Pas de mails, de nouvelles puces téléphoniques... Tout a été réglé au millimètre.
Jeudi, les professionnels de l'immobilier s'étaient déjà insurgés contre le silence assourdissant des politiques. Les huit fédérations du secteur et la Fondation Abbé Pierre, qui organisait un colloque intitulé "Le logement: cause nationale" avaient ainsi "regretté qu'aucun candidat à l'élection présidentielle ne se soit déplacé personnellement".
C'est la deuxième occupation pour laquelle coopèrent le Dal et Jeudi Noir. La dernière remonte au 31 décembre 2006, où les deux associations avaient squatté un immeuble rue de la Banque, dans le 2e arrondissement, immeuble occupé plusieurs années.