Jah Prince, l'ancien chanteur de reggae devenu SDF veut renouer avec le succès

Installé de manière très précaire dans une tente du bois de Vincennes depuis dix ans, Jah Prince, artiste franco-ivoirien, espère retrouver le chemin de la gloire grâce au soutien de ses fans.

Un “phénix déterré” selon ses propres termes. Du reggae à la rue, et de la rue au reggae, Jah Prince connaît les hauts et les bas de la vie d’artiste. Depuis quelques semaines, l’ancien chanteur de reggae renoue avec la gloire. Son téléphone n’arrête pas de sonner et il enchaîne les interviews. “C’est tout le temps en ce moment !” s’amuse-t-il. La raison ? Un long entretien en octobre dernier dans le Parisien qui l’a sorti de l’anonymat dans lequel il vivait depuis plus de neuf ans. L’anonymat et la pauvreté, car Jah Prince avait planté sa tente dans le Bois de Vincennes.

La chute du Prince

Prince Saint Florent Serry, plus connu sous le nom de scène Jah Prince est une figure du reggae africain. Franco-ivoirien, il a grandi à Aulnay-sous-Bois avant de partager sa vie entre la Côte d'Ivoire et la France. Il vit de musique et de scènes entre les deux pays. Installé une quinzaine d'années à Abidjan, il a pour projet de monter un studio et une école de musique pour diffuser le reggae dans son pays d'origine. Mais en 2012, le chanteur est arrêté à son domicile ivoirien pour possession de cannabis. Il est condamné à une peine d’un an d'emprisonnement et une interdiction de séjourner en Côte d'Ivoire pendant 5 ans. 

Une arrestation arbitraire et un emprisonnement injustifié, selon Jah Prince, dont le véritable prétexte serait une tentative de censure de la part du gouvernement ivoirien à l'encontre de ses textes engagés.

Il est libéré un an plus tard, avec 3000 autres prisonniers de droit commun.

À sa sortie de prison, il n'a plus rien. "J'ai été spolié, de mes terres, de mon matériel, ils m'ont tout pris. Je n'avais plus aucun matériel pour faire quelque chose là-bas", explique-t-il. L’artiste rentre alors en France dans le dénuement.

La vie au bois

Jah Prince atterrit au bois de Vincennes où il s'installe dans une tente. "J'avais besoin de faire le point", raconte-t-il, "je me suis replié pour comprendre ce qu’il m’était arrivé, j’avais besoin de comprendre et de prendre du recul."

Il décrit alors dix ans de galères, sa précédente tente brûlée avec tout son matériel accumulé, et le froid saisissant de l'hiver : "Le bois n’est pas fait pour être heureux, en plein hiver quand tu cailles, quand tu as froid, tu veux manger une soupe chaude, ou tu veux prendre un bon bain chaud, ce n'est pas facile." À soixante ans, le rastafari est philosophe : "Accepter ce qui est inacceptable, ça fait partie de ma religion, dans la nature je me reconnecte et j'arrive à outrepasser tout ça, j'arrive à vivre avec peu de choses." Et d'ajouter : "Dans la ville, les voisins ne se disent parfois même pas bonjour. Ici, entre nous, on s'envoie de bonnes ondes, on a tous le même état d'esprit." Le chanteur nuance tout de même : "Je suis dans le bois, je m'en accommode, je ne suis pas en train de dire : 'venez y vivre', ce n'est pas ce que je souhaite pour moi-même."

La résurrection du phénix ?

À son retour en France, en dehors de quelques concerts, Jah Prince a décidé d'arrêter la musique. Mais le coup du sort semble réveiller sa passion de toujours. L'article qui l'a révélé dans le Parisien à l'automne dernier a provoqué un élan de solidarité. "Je n'ai pas voulu cette notoriété. Les gens ont réussi à savoir que j’étais là sans que je le veuille, même si je l’ai caché pendant dix ans. Ils m'ont contacté et m'ont fait part de leur soutien. C'est joli !" Après 45 ans de reggae, il vient de sortir un clip tourné dans le bois de Vincennes et réédite son album "Prisionniers of Babylon", qui lui a valu selon lui son emprisonnement. 

"Aujourd'hui, j’ai besoin d’avoir un atelier artistique, j’ai besoin de ranger mes trucs, j’ai besoin de travailler, j’ai demandé ça auprès de la Sacem, de la mairie de Paris… ça va bientôt arriver jusqu’au président Macron !", s'amuse-t-il. Et 2024 n'est pas encore là que son calendrier commence à se remplir. Le chanteur a annoncé une première date de concert au New Morning (dans le Xe arrondissement de Paris) pour le mois de juin. 

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