La soignante de 51 ans, qui travaille à l'hôpital de Villejuif, comparaît notamment pour outrage envers les forces de l'ordre.
Cette infirmière, arrêtée lors d’une manifestation pour les conditions de travail des soignants aux Invalides le 16 juin 2020, comparaît devant le tribunal de Paris à partir de ce lundi pour outrages et violences sans incapacité temporaire de travail contre des policiers durant le rassemblement.
L’image de son arrestation par les forces de l'ordre avait suscité beaucoup de réactions et avait été beaucoup partagée sur les réseaux sociaux. Après avoir jeté des projectiles (notamment des morceaux de bitume) sur les fonctionnaires de police et de leur avoir fait des doigts d’honneur, l’infirmière de 51 ans a été interpelée sans ménagement, tirée par les cheveux et plaquée au sol.
On la voyait alors à genoux au milieu d’un groupe de policiers, vêtue de sa blouse blanche, implorant pour sa ventoline. Une image étonnante alors que, quelques semaines plus tôt, les soignants étaient applaudis tous les soirs pour leurs efforts contre la pandémie.
Une femme en blouse blanche, tirée par les cheveux, durant une interpellation, finira évacuée le visage en sang durant la manifestation aux Invalides. Elle réclamera à plusieurs reprises sa Ventoline.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) June 16, 2020
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"Totale relaxe"
Côté politique, une partie de l'opposition de gauche a vivement réagi face aux images de l’arrestation musclée de l’infirmière. "Farida fait partie de ces gens qui se sont battus pendant des mois, qui continuent de se battre (…) et qui se trouve là où elle ne devrait jamais être, c’est-à-dire devant un tribunal", a expliqué aujourd’hui le député (FI) Éric Coquerel, qui "soutient" Farida C.
Un appel à manifester devant le tribunal des Batignolles a été lancé par Solidaires et la CGT qui plaident pour une "totale relaxe" de Farida C., estimant que la place de cette infirmière travaillant à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne) n'est pas "sur le banc des accusés".
Lors de son audition, l'infirmière a précisé que sa colère n'était pas dirigée contre les policiers mais contre l'État, selon une source proche du dossier.
A contrario, un syndicat de policier présent au tribunal a de son côté demandé une sanction forte et un rappel de la part de la Justice expliquant que le contexte social ne justifie pas les violences.
Une vidéo de la scène
"Je suis là pour les soignants, pour ce que nous sommes en train de vivre tous les jours à l’hôpital, pour les difficultés que les soignants rencontrent et pour les malades qui ne peuvent plus être soignés comme ils le souhaitent", a expliqué Farida C. juste avant son audience, ajoutant que "si l'on continue à ce rythme-là, on ne pourra plus se faire soigner dans les hôpitaux publics".
L’infirmière "reconnait avoir jeté du bitume en direction des fonctionnaires de police et avoir fait des doigts d’honneur. En revanche, elle ne reconnait pas les insultes et encore moins la rébellion", a de son côté déclaré son avocat, Arié Alimi, expliquant par ailleurs qu’il existe "une vidéo provenant de son téléphone portable et dont personne n’a encore eu connaissance (…) où l’on entend l’intégralité de la scène. Cela permettra de corroborer ou pas les déclarations des fonctionnaires de police". Me Alimi a également espéré que l’audience sera "sereine".