Ce dimanche 29 mai, le célèbre tableau de Léonard de Vinci a reçu de la crème pâtissière sur sa vitre de protection. L'auteur, déguisé en vieille dame en fauteuil roulant, s'est justifié de son geste en évoquant "la planète", après avoir dispersé des roses autour de lui.
Mona Lisa recouverte de crème pâtissière. L'image restera dans les annales. Peut-être même en fera t-on des tee-shirts. Ce dimanche 29 mai dans la salle des Etats du musée du Louvre, l'Ascension a amené son flot de visiteurs, les smartphones sont brandis par dizaines face à la plus énigmatique et inestimable des œuvres d'art.
La Joconde sourit encore lorsqu'un homme déguisée en vieille dame s'avance vers elle, dépassant en fauteuil roulant la barrière de sécurité qui la protège des visiteurs. Mais l'homme se lève soudainement pour essayer de casser le sarcophage qui protège le chef d'œuvre. Sans succès, il ne fera finalement que l'entarter, étalant sa crème sucrée sur la vitre. Signature finale, il disperse quelques roses rouges autour de lui pour clore ce véritable happening d'artiste. De fervent militant peut être. Ou de déséquilibré.
"Pensez à la planète !"
Maîtrisé de suite par l'équipe de sécurité, l'homme s'exprimera très calmement en repartant, face à l'auditoire médusé. En Français, il explique ce geste "pour la planète" : "Pensez à la Terre. Il y a des gens qui sont en train de détruire la Terre. Pensez-y. Les artistes, (Illa?) vous dit : 'pensez à la Terre'. Tous les artistes, pensez à la Terre. C'est pour ça que j'ai fait ça. Pensez à la planète".
Les smartphones ont inévitablement immortalisé la scène. Et, chose étonnante, l'image relayée sur les réseaux sociaux a d'abord été reprise par des médias étrangers (par le journal espagnol El País et CNN Brasil notamment) avant de faire la une aujourd'hui en France. Car si la Joconde est saine et sauve (d'un coup d'éponge les gardes lui ont rendu le sourire), le symbole est fort sur ce tableau inestimable et sujet à tous les fantasmes et toutes les théories.
Tasse, spray, pierre... les précédentes agressions
Ce n'est pas la première fois cependant qu'on tente de s'en prendre à Mona. En 2009, une touriste lui avait lancé une tasse. En 1974, c'était un spray rouge qui avait visé Madame Lisa (alors en déplacement à Tokyo). En 1957, un Bolivien lui jetait une pierre. Selon Le Monde, celui-ci aurait déclaré à l'époque : "J'avais une pierre dans ma poche, et tout à coup, l'idée de la lancer m'est venue..."
Mais le dernier happening en date remonte à 2018, Adrián Pino Olivera, un artiste espagnol, s'était exhibé en tenue d'Adam devant la si souriante précieuse. Le Parisien racontait que la sécurité avait dû intervenir pour neutraliser des "perturbateurs indésirables". L'artiste n'a écopé que de 24h de prison mais est dorénavant interdit à vie d'entrée au Louvre.
Le jeune homme d'hier, dont l'identité n'a pas été révélée, devrait vraisemblablement recevoir au moins la même peine pour son geste pâtissier. Il a été admis à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (I3P) et a 36 ans indique le parquet. De son côté, le Louvre, laconique, affirme simplement avoir déposé plainte.
S'il est inhabituel de voir une oeuvre entartée, la pratique est courante sur les personnalités, politiques comme du show-biz. Le plus célèbres des entarteurs, le belge Noël Godin, a notamment ciblé huit fois Bernard Henri-Lévy. Aujourd'hui, il approuve le "retentissement mondial" de cet acte au Louvre. "Je n'y avais jamais pensé", admet celui qui se fait surnommer Georges Le Gloupier, porte-parole de l'Internationale pâtissière. "Nous avions d'autres chats à fouetter..." Et il conclut, espiègle à souhait : "si tout est donc possible, nous appelons alors à l'entartement généralisé de toutes les Jocondes vivantes !"