Le 115 pris d'assaut en 2014

Le nombre de sans-abri ayant sollicité un hébergement en 2014 a augmenté de 4% par rapport à 2012, avec davantage de femmes et d'enfants, mais près de la moitié n'ont jamais obtenu de places, révèle lundi le baromètre du 115, numéro d'urgence des SDF.

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"Depuis le début du quinquennat de François Hollande, la situation des sans-abri s'est plutôt dégradée", déplore Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars), chargée du baromètre du 115.

Les demandes d'abri (centres d'hébergement, hôtels, etc.) ont augmenté de 26% en 2014 par rapport à 2012, avec plus de 771.500 demandes, faites par 97.600 sans-abri dans les 37 départements du baromètre 115.

Si l'on compare avec la seule année 2013, ces demandes se sont toutefois réduites (-5%,), mais cet infléchissement semble surtout résulter des nombreux renoncements au printemps de la part de SDF, en raison de la fermeture de places hivernales, souligne M. Gueguen.

Les appels au 115 restent "marqués par la gestion au thermomètre de l'hébergement", note la Fnars. Ainsi, les personnes le sollicitent davantage pendant les mois d'hiver, lorsque les capacités d'hébergement sont renforcées, et moins le reste de l'année, où elles sont confrontées à des réponses négatives.

D'une moyenne de 51.200 demandes mensuelles en 2012, les demandes sont passées
à 64.300 en 2014. Cette progression s'explique par la hausse du nombre de sans-abri ayant sollicité le 115 (+4%, soit 3.500 personnes supplémentaires), mais aussi par un plus fort renouvellement des demandes, lié aux nombreuses réponses négatives et aux faibles durées des accueils (souvent une seule nuit).

Au total, si l'on inclut les appels pour des demandes de prestations (écoute, informations relatives à un hébergement, renseignement sur l'aide alimentaire, mise en relation avec un travailleur social, etc.), près de 104.000 personnes ont sollicité ce numéro d'urgence l'an dernier.

Les hommes seuls constituent toujours la majorité du public (42%), mais leur nombre a baissé de 2,4% (41.200 personnes), même si leurs demandes ont augmenté de 18%.


"On constate une hausse inquiétante des demandes des familles et des mineurs", souligne Florent Gueguen. Les familles représentent désormais 39% du public (+16%), avec des appels en forte hausse (+34%), et plus de 20.600 mineurs (+18%) ont été concernés par un appel au 115.

Les femmes seules sont aussi plus nombreuses (+6%), avec des demandes qui ont augmenté de 30%.

Une minorité du public (10%) est composée de travailleurs pauvres, qui ont un emploi mais ne peuvent se payer un logement.

Près de la moitié des sans-abri qui ont demandé un hébergement, soit "près de 48.000 personnes", n'ont jamais obtenu de solution malgré leurs sollicitations (+14% par rapport à 2012). Un chiffre "énorme", qui ne concerne qu'"une partie du territoire", hors Paris, souligne Florent Gueguen. Seule une minorité (17%) a été systématiquement hébergée, et 34% ont eu des réponses partielles.

L'absence de places disponibles reste la principale cause (77%) des réponses négatives. Faute de places suffisantes, les 115 se trouvent placés "dans une gestion de la pénurie", qui les oblige à "développer des stratégies", comme l'hébergement de courte durée (49% des hébergements sont d'une seule nuit), ou le resserrement des critères d'éligibilité, qui "remet en cause le principe d'inconditionnalité de l'hébergement

De même, le tri des demandeurs se fait parfois par la disponibilité des places, puisque les centres d'hébergement par exemple, majoritairement conçus pour les personnes isolées, ne sont pas adaptés à l'accueil des familles, envoyées dans des hôtels.

Ces stratégies "éloignent le numéro d'urgence de ses missions premières", "génèrent une perte de temps et la frustration des professionnels", ainsi que "l'épuisement et le non-recours des sans-abri" au 115, déplore la Fnars.

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