Le 15 avril, manquera les deux ans de l'incendie de Notre-Dame. Le savoir faire des techniciens cordistes leur permet d’intervenir dans tous les lieux difficilement atteignables sur le chantier de la Cathédrale. Ils sont souvent la solution quand toutes les autres sont impossibles à envisager.
Sur le chantier de Notre-Dame, leur travail est essentiel. Les cordistes interviennent tout en délicatesse pour accéder à des zones fragiles. Deux jours après l’incendie, survenu le 15 avril 2019, les techniciens de l’entreprise Jarnias, basée en Haute-Savoie, étaient déjà sur le terrain pour sécuriser le bâtiment. Première étape pour ces cordistes, dont la renommée est connue à l’internationale quand il s’agit de ces travaux sur cordes, poser les filets de protection qui sécurisent la cathédrale et évitent la chute de pierres, comme sur le pignon Nord.
Puis, ils ont démonté - en liaison permanente avec l’entreprise Le Bras Frères (spécialisée en charpentes et couvertures) – l’immense échafaudage qui avait été posé pour la rénovation de la flèche, et qui a brulé. La chaleur du brasier a déformé une partie de 54 000 moises, ces barres qui composaient la structure. Il a donc fallu déposer pièce par pièce, tous les éléments de ce mikado qui menaçaient de s’effondrer sur la cathédrale. Pour cela les cordistes ont découpé à l’aide de scies sabres les parties calcinées. Il aura fallu six mois de travail pour déposer l’ensemble de cet échafaudage.
"Tout l’enjeu de notre mission, c’est de réussir à s’approcher le plus possible des éléments pour pouvoir travailler. Notre avantage c’est d’être léger, et de proposer une solution qui permette d’accéder là ou un échafaudage ou une machine serait impossible a poser, vu la fragilité des matériaux", explique Ferdinand, chef d'équipe.
La théorie des cordes à tout faire
Ce sont eux aussi qui sont amenés à travailler sur les cintres qui soutiennent les arcs boutants de la cathédrale. Ces immenses pièces de bois - de 7 tonnes et 16 mètres de long chacune - qui permettent de sécuriser la structure de l’édifice. Régulièrement, ils ajustent les couchis – ces pièces de bois qui sont au contact des voutes et qui peuvent se dilater avec la météo. Pour éviter que le bois ne viennent déformer la pierre, il faut les manipuler et les replacer délicatement.
"Notre savoir faire nous donne accès à des zones de travail en principe inaccessibles. Une fois installé, un cordiste peut être amené à pratiquer la soudure, la plomberie, la maçonnerie, la peinture …", détaille Ferdinand, ancien ingénieur, devenu cordiste. Mais quand les savoirs faire à mettre en œuvre sont particuliers, les cordistes transmettent leurs techniques à d’autres métiers. A Notre-Dame, par exemple, ils ont appris les bases du métier aux architectes, et aux chercheurs afin de leur permettre d’accéder aux moindre recoins de la cathédrale.
Quelle formation pour devenir cordiste ?
Le certificat de qualification professionnelle (CQP) de cordiste est obligatoire pour exercer le métier. Il existe trois niveaux de CQP. Plus le niveau est haut, plus il permet d’effectuer des travaux spécifiques. Le DPMC (Développement et promotion des métiers Corde) est l’organisme désigné par le SFETH (Syndicat Français des Entreprises de Travaux en Hauteur) pour gérer le dispositif des trois Certificats de Qualification Professionnelle (CQP) Cordiste. Il porte la responsabilité d’évaluer les compétences des candidats d'après les référentiels de certification. Dans le domaine de l’emploi ce métier ne cesse de croître. On compte aujourd'hui quelques 5 000 cordistes -1 000 en CDI et 4 000 en intérim.