Le SNPL, syndicat de pilotes majoritaire à Air France, a fait voter à ses adhérents le principe d'une grève dure, moins de deux semaines avant le début de l'Euro 2016. Il s'oppose au projet de la direction d'Air France de modifier le système de rémunération de certaines plages horaires.
Les adhérents du premier syndicat de pilotes à Air France (65% des voix) étaient consultés depuis la mi-mai sur l'opportunité d'une grève de plus de six jours, en réaction à la décision de la compagnie de mettre en oeuvre certaines mesures de productivité négociées en 2012 mais jamais appliquées.
Près de sept votants sur 10 (68%), dans une procédure de consultation très suivie, ont donné leur feu vert au "recours, si nécessaire, à un ou plusieurs arrêts de travail d'une durée cumulée supérieure à 144 heures".
Un litige important
Aucune date de grève n'a encore été arrêtée. Le SNPL va désormais discuter avec les autres organisations professionnelles en vue d'organiser un large mouvement. Mais "il y aura forcément des actions en juin" prévient le syndicat.Les relations entre Air France et le syndicat de pilotes sont très compliquées et très tendues depuis déja de nombreux mois. Les deux parties ont un litige important sur le plan de restructuration de la compagnie, baptisé "Transform 2015", qui aurait dû se mettre en place progressivement de 2012 à 2014, mais dont les pilotes n'ont finalement appliqué que les deux tiers, refusant de continuer pour la dernière partie des mesures car ils jugent que la compagnie n'a pas respecté ses engagements.
La direction est allée devant la justice et a obtenu, a deux reprises, des décisions sur lesquelles elle veut s'appuyer pour faire appliquer dès juin le reste du plan encore à venir. Les mesures encore inappliquées sont notamment la baisse de la majoration des heures de nuit (de 50% à 40%) et un calcul moins favorable pour les activités au sol (lorsque les pilotes ne sont pas en vol). Figure également l'annualisation de 12 jours de repos à partir d'avril 2017.
Un gain attendu de 20 à 30 millions d'euros
Air France espère un gain de 20 à 30 millions d'euros de la mise en oeuvre de ces mesures. De leur côté, les pilotes disent "ne plus supporter" que la compagnie soit "en panne de stratégie, en manque d'ambition" et "obsédée" par la réduction des coûts du personnel, alors que le marché du transport aérien est en croissance.La dernière grève du SNPL, en septembre 2014, avait duré deux semaines, un record pour les pilotes de la compagnie.