Malgré le discours d’Emmanuel Macron, les policiers jettent leurs menottes

Lors de son allocution, dimanche soir, le Président de la République a affiché son soutien aux forces de l’ordre. Des mots qui n’ont pas empêché plusieurs centaines de policiers de se rassembler pour manifester leur colère.  
 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Versailles, Créteil, Paris… En Ile-de-France les policiers continuent leur mobilisation. Les mots du Président de la République dimanche soir, n’ont pas apaisé leur colère. "Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté. Cet ordre, ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol qui l’assurent. Ils sont exposés à des risques quotidiens en notre nom, c’est pourquoi ils méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation", a affirmé Emmanuel Macron lors de son allocution à l'Elysée. Des paroles entendus par les gendarmes et les policiers mais qui n'ont pas suffi à calmer la grogne. 

Devant le commissariat de Versailles ce midi 200 policiers des Yvelines ont ainsi jeté leur brassard et leurs menottes à terre. Un geste devenu le symbole de la rupture entre le gouvernement et les forces de l'ordre. Interrogés par l'un de nos journalistes, certains policiers ont affirmé "être stigmatisés par une campagne de dénigrement". Certains ont précisé qu'ils sont les fonctionnaires les plus sanctionnés de la République : 75% des sanctions visent des policiers. Plusieurs syndicats réclament à présent la démission du ministre de l’Intérieur. 

Manifestation de policiers devant le commissariat de Versailles ce lundi 15 juin ©Antoine Marguet et Yoann Dorion / France 3 PIDF

"Chaque soupçon avéré" les mots à l'origine de la grogne

Car le point de départ de cette grogne est une phrase prononcé par Christophe Castaner. Il y a tout juste une semaine "le premier flic de France" avait dit avoir demandé aux directeurs de la police et de la gendarmerie "qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'acte ou de propos raciste" de la part d'un policier ou d'un gendarme. Cette expression de "soupçon avéré" a signifié un point de non retour pour la police nationale. L'institution dit avoir été "lâchée" par Christophe Castaner. La "tolérance zéro" pour les faits de racisme dans la police est vue comme une accusation générale. Enfin, l'interdiction de recourir à la "clé d'étranglement" comme technique d'interpellation, équivaut, selon les syndicats de police, à les laisser sans moyen pour arrêter des personnes violentes.

"Nous attendons des actes forts pour les policiers de terrain notamment, qui ces derniers jours ont été durement attaqués à la fois verbalement, accusés.  La présomption de culpabilité a été la règle ces derniers jours et là nous redemandons à réinstaurer, notamment, le respect dû à notre fonction de policiers", réclame Stanislas Gaudon, délégué général syndicat Alliance police. Alliance demande désormais, avec d'autres organisations syndicales, à être reçu par le Président de la République. Une manière de contourner le ministre de l’Intérieur. "Le problème c’est qu’à l’heure actuelle Monsieur Castaner n’a plus la confiance des policiers. Ce qu’il a dit lors de sa conférence de presse, même s’il a fait quelques rétropédalages a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase", affirmait hier soir Rocco Contento, secrétaire départemental Paris unité SGP Police. Avec une centaine d’autres policiers il était sur l’esplanade du Trocadero.

Comme la veille aux pieds de l’arc de Triomphe les policiers ont entonné La Marseillaise. Sirènes hurlantes, gyrophares bleus allumés, menottes à terre… ils ont réitéré leur mécontentement contre les dernières annonces gouvernementales.

"Le Président de la République a réitéré son soutien aux forces de police et de la gendarmerie. Le Président de la République n’allait pas faire un discours catégoriel que sur la police nationale. C’est bien ce qu’il a dit, concède Rocco Contento, mais au-delà des belles déclarations d’intention, nous attendons des actes, des actes forts sur les grands dossiers encore en souffrance".

©France Télévisions

Réunis les policiers ont fait part de leur lassitude, un épuisement après des années de mouvements sociaux durant lesquels ils estiment ne pas avoir eu l’écoute qu’ils demandaient. Des revendications anciennes - une reconnaissance de la pénibilité du travail et des risques encourus – auxquelles vient s’ajouter une colère nouvelle : "On attend que notre ministre, entre guillemets, lorsque l’institution est diffamée dépose plainte et il ne l’a pas fait".

Ce soir des nouveaux appels à la mobilisation ont été lancés à la Defense et près du Stade de France.

 

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information