Quelles sont les "déclinaisons" franciliennes du rapport Braun, censé pallier le manque de personnel cet été ? L’Agence Régionale de Santé (ARS) Île-de-France met en avant une série de mesures alors que les hôpitaux - dans une situation déjà "tendue" - font face à un nouveau rebond épidémique du Covid.
Comment va s’appliquer la "boîte à outils" du Dr François Braun en région parisienne ? Alors qu’Elisabeth Borne a annoncé vendredi avoir retenu "toutes les propositions" de la "mission flash" de François Braun censée aider à désengorger les hôpitaux cet été, l’ARS Île-de-France a listé ce mardi ses "mesures pour la période estivale" lors d’une conférence de presse organisée à Nanterre dans les Hauts-de-Seine.
"Départs, arrêts, postes vacants, mouvements sociaux"... L’objectif est de faire face à des tensions hospitalières "très fortes", a reconnu Amélie Verdier, la directrice générale de l’Agence. "Nous n’avons pas de raison d’être inquiets mais nous devons être vigilants", a-t-elle expliqué, tout en notant que "la situation en Île-de-France" était "loin d’être la pire".
Parmi les dispositifs présentés, l’ARS a notamment évoqué le développement des unités médicales de télémedecine, qui rassemblent un secouriste, une infirmière et une mallette dédiée au sein d’un même véhicule. L’Agence souhaite également faciliter le transport des patients vers des médecins libéraux ou des maisons médicales de garde, au lieu de les amener directement aux urgences. Le but est de proposer "une solution supplémentaire" selon la situation du malade, par exemple à Paris, a souligné Pierre Ouanhnon, le directeur par intérim de l’offre de soins de l’ARS Île-de-France.
L’Agence a également présenté des dispositifs spécifiques pour la région francilienne, avec par exemple des médiatrices pour aider les maternités en tension faisant l’objet de demandes ne relevant pas de leurs services.
L’exemple de l’hôpital Foch, à Suresnes
Renaud Pellé, directeur de la délégation départementale des Hauts-de-Seine de l’ARS, a aussi présenté un "cas concret" : les urgences de l’hôpital Foch de Suresnes dans les Hauts-de-Seine, dont l’effectif médical fait l'objet de "difficultés particulières". Alors que l’accueil des patients venant de leur propre chef "n’a pas changé", les patients amenés par les pompiers, le Samu et les transports sanitaires d'urgence "sont adressés vers d'autres hôpitaux" publics et privés, depuis le 1er juin et jusqu'à la fin du mois d'août.
Au sein de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, qui fait partie des établissements qui reçoivent des patients de Foch, Renaud Pellé a mis en avant un système de "consultation des soins non programmés assurée par des médecins libéraux". Ce dispositif concerne des patients "ne nécessitant pas d'examens complémentaires et pouvant relever de la médecine de ville".
A Foch, Renaud Pellé a également annoncé le recrutement d’un "bed manager", c’est-à-dire un personnel qui recense les lits, pour "fluidifier l'accueil des patients" et "assurer l’interface" avec les différents services des autres établissements. A noter enfin la mise en place d’un dispositif de télésurveillance de patients âgés "ayant des pathologies chroniques", par une équipe mobile de gériatrie qui intervient à domicile. Objectif : étendre ce dispositif aux Ehpad "cet été".
Un fort rebond épidémique en cours
Au niveau national, pour rappel, la "mission flash" du médecin urgentiste François Braun, désormais ministre de la Santé et de la Prévention, liste 41 propositions sur 60 pages. La Première ministre a notamment confirmé un "complément de rémunération" pour le travail de nuit des soignants, ainsi qu'un bonus de 15 euros par consultation "pour inciter les médecins (libéraux) à prendre des personnes en soins non programmés". Le rapport Braun préconise par ailleurs d’accepter moins de patients, soit en les triant à l'entrée des urgences, soit en s'appuyant sur une "régulation médicale préalable systématique" par le standard téléphonique du Samu.
Pour ce qui est du fort rebond épidémique qui touche actuellement l’Île-de-France, l’ARS indique dans un communiqué de presse publié lundi que le taux d’incidence à la date du 3 juillet est de 1 100 cas pour 100 000 habitants, avec un taux de positivité à 26,5%. Les hospitalisations pour Covid-19 repartent également à la hausse, avec - toujours au 3 juillet - 4 600 personnes hospitalisées (contre 4 155 une semaine auparavant) dont 330 en soins critiques (285 cinq jours avant).
L’Agence appelle les Franciliens à respecter les gestes barrières et à "se faire vacciner y compris en rappel pour les plus fragiles".