Le dispositif "Opéra d'été" est mis en place chaque année depuis 2014. Mais cette fois, il se place dans un contexte de crise pour l'Opéra national de Paris qui traverse une saison compliquée entre grève, coronavirus, travaux et départ anticipé de son directeur.
La tête dans les étoiles, et les oreilles bercées par les chefs d’œuvre de la musique classique. Depuis ce samedi, et durant les prochains week-ends du mois d’août, l’Opéra national de Paris met en place le dispositif "Opéra d’été". Le concept : des projections gratuites sur écran géant dans les parcs du Val-de-Marne de spectacles captés à l’Opéra Bastille et au Palais Garnier. L’initiative est proposée chaque été depuis 2014.
Au moment où la nuit tombe, quelques notes s’élèvent dans le ciel. Chaque samedi à partir de 22 heures, trois parcs du département accueillent alors 350 personnes venues écouter les œuvres de Mozart et Verdi. Le dispositif est porté par le conseil département du Val-de-Marne et la fondation Orange. Pendant les projections, les spectateurs doivent porter leurs masques et respecter les mesures sanitaires et autres distanciations sociales.
45 millions d'euros de déficit en 2020
L’occasion pour l’Opéra de Paris de séduire un nouveau public. Car la structure connait une année 2020 particulièrement difficile. Entre grève historique et crise sanitaire, elle devrait enregistrer 45 millions d’euros de pertes à la fin de l’année. Ainsi, entre décembre et janvier dernier, l’Opéra de Paris a connu un mouvement de grève de sept semaines contre la réforme des retraites. Résultat, plus de 80 opéras et ballets ont été annulés durant la période.Est ensuite venue la pandémie de coronavirus et le confinement qu’elle a engendrée. L’Opéra a dû baisser le rideau, pour un total de 150 autres représentations suspendues. Et quand le confinement a pris fin, il a fallu respecter certaines conditions. Suppression des entractes, respect des gestes barrières par les artistes et remplissage des salles à 50%. Des règles complexes à mettre en place qui ont alors poussé l’Opéra de Paris à avancer les travaux de rénovation des scènes.
35 à 40% d'abonnés en moins
Ceux-ci devaient être entrepris à l’été 2021, ils ont finalement débuté en juillet dernier. Ils se termineront à la fin de l’année pour l’Opéra Garnier, et à la mi-novembre pour l’Opéra Bastille. Ce dernier est donc totalement fermé au public. Quant à la salle Garnier, une programmation adaptée sera mise en place pour des représentations à partir du 19 septembre. Deux à trois concerts y auront lieu chaque semaine.Un ralentissement du nombre de représentations qui s’accompagne indubitablement d’une baisse des abonnements. L’Opéra de Paris compte 35 à 40% d’abonnés en moins en 2020. L’institution cherche alors à s’ouvrir à un nouveau public. Le 21 mai dernier, les danseurs étoiles Léonore Baulac et Germain Louvet livraient une prestation sur le plateau de Quotidien. Une première.
L’Opéra de Paris s’interroge également sur le numérique, fort de ses 1,6 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. La structure a alors notamment diffusé certains spectacles en ligne pendant le confinement, avec à l’arrivée 2,5 millions de vues. Une nouvelle manière de s’adresser au public, comme la retransmission de performances dans les parcs de Val-de-Marne. Autre piste évoquée, le plafonnement des prix des places autour d’une centaine d’euros.? Léonore Baulac et Germain Louvet, danseurs étoiles de l'Opéra National de Paris, dans #Quotidien ⬇️ pic.twitter.com/6dgiVaGPZT
— Quotidien (@Qofficiel) May 21, 2020
Attirer de nouveaux fidèles est donc l’un des grands défis de l’Opéra de Paris, et de son futur directeur. En juin dernier, Stéphane Lissner a annoncé son départ pour la 31 décembre 2020, alors que sa mandature devait prendre fin à l’été 2021. Il sera remplacé par l’Allemand Alexander Neef, actuel directeur de la Canadian Opera Company de Toronto.