3 questions sur la grève illimitée des agents du Centre d'action sociale de la Ville de Paris

Cela fait déjà plus de deux mois et demi qu'une grande partie des agents du Centre d'action sociale de la Ville de Paris (CASVP) sont en grève. Après avoir occupé un temps le restaurant solidaire du Palikao, dans le XXe arrondissement, ils poursuivent leur mobilisation pour obtenir une revalorisation salariale.

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Depuis le 22 septembre, plus de 200 agents du CASVP sont en grève, sur les quelques 260 personnes que compte le service. De nouvelles négociations auront lieu ce mercredi 14 novembre.

1. Pourquoi font-ils grève ?

Pour obtenir la revalorisation salariale de 189 euros net par mois prévue par le Ségur 3 de la santé pour les travailleurs sociaux et socio-médicaux. Une augmentation que certains agents du Centre d'action sociale de la Ville de Paris ne perçoivent pas, comme les agents techniques des restaurants solidaires de la capitale, au motif qu'ils n'exerceraient pas un métier social.

"C'est faux. Les agents techniques comme le sont les cuisiniers par exemple sont au contact des bénéficiaires. Ils font un métier social puisqu'ils sont là pour entretenir un lien avec un public parfois difficile", explique Mouni Coudoux, la porte-parole des grévistes.

L'exclusion de certains agents du Ségur est également un non-sens pour Simon Lecoeur, secrétaire général de la CGT-CASVP : "Environ ¼ des agents ne sont pas concernés par cette prime. Ce n'est pas normal, c'est pourquoi nous demandons à la Ville de réparer cette injustice en augmentant le salaire des agents exclus. C'est une question d'égalité et de principe, surtout en cette période d'inflation. Il faut cesser cette humiliation."

2. Quelles sont les conséquences de cette grève illimitée ?

Depuis le début du mouvement, la majorité des repas n'est pas servie. Les agents en grève travaillent en effet dans les 43 restaurants solidaires de la capitale, qui servent des repas gratuits aux personnes en situation précaire, soit environ 1800 repas par jour. "Pour certains, il s'agit de leur seul repas chaud et assis de la journée", raconte Simon Lecoeur. Actuellement, seule une dizaine de restaurants reste partiellement ouverte.

"C'est la double peine. Pour les usagers car ils perdent ce contact humain en période de vie chère, et pour les agents", explique Mouni Coudoux. Le système de débrayage permet toutefois aux grévistes de ne pas faire une grève totale, en cessant de travailler 1/4 de leur journée. Ils reçoivent également une compensation financière de la caisse solidarité. 

Une dizaine de restaurants Emeraude est également concernée. Ces établissements, qui accueillent tous les midis des personnes âgées ou en situation de tutelle ou de curatelle, se voient également impactés par la grève. "Les conséquences sont fortes sur les usagers qui mangent des plats préparés dans des barquettes. La valeur nutritionnelle de ce type de repas est bien moindre, et certains seniors ont déjà perdu du poids", témoigne le secrétaire général de la CGT-CASVP.

Une autre conséquence de cette grève: la suppression des repas de Noël pour nombre de restaurants solidaires. "Plus d'une trentaine de restaurants ne fera pas son repas de Noël car les commandes n'ont pas été passées", poursuit le syndicaliste.

Mais les usagers semblent comprendre leur contestation: "La plupart des bénéficiaires nous comprennent, bien que la solitude soit pesante pour certains. Nous comprenons que cela puisse sembler cruel, mais cette décision de ne pas augmenter certains agents l'est tout autant", s'attriste Mouni Coudoux.

3. Quel horizon pour les grévistes ?

Même si le temps se fait long, les grévistes sont décidés à tenir tant que la ville de Paris ne leur fera pas une proposition de revalorisation qu'ils jugeront convenable.

Une première proposition leur avait été faite à la mi-novembre. "70 euros pour les agents de restauration et 100 euros pour les agents techniques. La Ville a été irresponsable de faire une proposition aussi basse. A partir de 120 euros, on aurait été d'accord pour commencer à négocier", juge Simon Lecoeur, qui déplore "l'excès de fermeté" de la Ville dans les négociations.

Ce mercredi 13 décembre, de nouvelles négociations auront lieu au siège de la Direction des Solidarités (DSOL), en marge d'une manifestation organisée par les grévistes devant les locaux. Ils décideront de maintenir ou non la grève vendredi, lors de leur Assemblée générale. Pour Simon Lecoeur: "Il faut que la Ville comprenne qu'on ne peut pas bien s'occuper des autres quand on est en difficulté financière soi-même. Je trouve très dangereux d'humilier à ce point les agents qui touchent un peu plus que le SMIC, alors que la revalorisation demandée ne coûterait que 650 000 euros par an à la Ville. C'est plus que symbolique comme violence".

Pour Léa Filoche, adjointe à la Maire de Paris en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l’exclusion, ce mouvement est "historique et unique car ce sont les plus précarisés qui voient leur repas réduits". Si l'élue dit comprendre l'inquiétude des agents, elle rappelle toutefois que l'augmentation de salaire, et non la prime, demandée par les membres du CASVP représente une différence de taille dans l'enveloppe budgétaire de la collectivité. 

Et d'ajouter : "Nous avons interpellé le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe mais il s'est positionné contre toutes modifications du Ségur 3 donc nous sommes dans une impasse car le décret nous empêche de verser cette prime. Ce n'est pas aux collectivités locales de pallier le gel du point d'indice des fonctionnaires, c'est un combat national."

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