En pleine période estivale, les hôtelliers parisiens souffrent de l'absence de clientèle étrangère. Les établissements de la capitale du tourisme sont plus durement touchés que dans le reste de la France.
"La situation est catastrophique, je suis très préoccupée", confesse Isabelle Legros, responsable du Plaza Elysées depuis 22 ans. Son hôtel est rempli à 22% de ses capacités. L’année dernière, en plein mois de juillet, l’établissement affichait un taux d’occupation de 85%. Et les perspectives ne sont pas rassurantes. La patronne prévoit ainsi un taux d’occupation de 8% pour le mois d’août, dans une période pourtant chargée pour l’hôtellerie. "L’horizon est plat. Il n’y a rien, aucune demande, aucune réservation", regrette Isabelle Legros.Une situation difficile qui s’étend à l’ensemble des établissements parisiens. En moyenne, le taux d’occupation des hôtels de la capitale atteint les 40%, contre 60% à l’échelle nationale. Quand ceux-ci sont ouverts. Un hôtel sur deux est en effet fermé à Paris. La responsable du Plaza Elysées a fait le choix de continuer à accueillir les touristes : "Pour moi, il vaut mieux être ouvert que fermé. On est toujours sur les sites, les clients le savent et peuvent nous appeler".
"Ce n’est pas une question de prix. J’ai fait un appel d’offre pour des formules à moins de 100€. Je n’ai rien eu"
Mais les commandes se font rares. Et l’absence de clientèle étrangère n’aide pas les hôteliers de la capitale. "Je n’ai personne. D’habitude, j’ai une clientèle étrangère mon hôtel tant à côté des Champs-Elysées. Je reçois des Américains, des Asiatiques, des Brésiliens. En ce moment, je reçois des clients français qui font des réunions sur Paris. Ce sont les seuls qui me font vivre", détaille Isabelle Legros.
Comme le Plaza Elysées, beaucoup d’hôtels ont alors tenté de pratiquer des tarifs plus attractifs pour attirer les touristes. Sans réel succès : "J’ai baissé mes prix de 40, voire 50%. Ce n’est pas une question de prix, assure la gérante. J’ai fait un appel d’offre pour des formules à moins de 100€. Je n’ai rien eu".
25% des hôtels et restaurants parisiens pourraient fermer en septembre
Un contexte difficile confirmé par l’Union des Métiers et Industrie de l’Hôtellerie (UMIH) à travers la voix de son président général en Île-de-France, Jean-Marc Banquet d’Orx : "Paris est la première ville de tourisme au monde. La clientèle était un mix d’homme d’affaires et de touristes traditionnels. Mais cette clientèle a disparu car les établissements travaillent avec des tour-opérateurs qui se sont effondrés".A la rentrée de septembre, 25% des hôtels parisiens pourraient alors déposer le bilan selon l’UMIH. "On va avoir une période d’observation, avec des gens qui ne pourront payer leurs dettes car ils ne pourront reconstituer leur trésorerie", augure Jean-Marc Banquet d’Orx. Les professionnels de l’hôtellerie attendent alors des aides de l’Etat. Notamment la poursuite de l’exonération des charges patronales qui a pris fin en juin, mais aussi la réduction des cotisations foncières et de la taxe de séjour. "On attend de l’Etat des signes de relance", explique le président de l’UMIH.
Prolongement du chômage partiel
Le gouvernement a déjà fait un pas vers les professionnels de l’hôtellerie. Le chômage partiel dans le secteur du tourisme sera prolongé jusqu’à décembre. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat chargé du Tourisme a également annoncé la réouverture des salons, activité essentielle pour les hôtels parisiens.L’UMIH a ouvert une cellule psychologique pour soutenir et venir en aide aux hôteliers les plus bouleversés par la situation actuelle. "C’est un vrai drame. Ce sont des familles entières qui sont inquiètes. C’est beaucoup plus grave qu’on ne le croit", confie la président de l’association.