Ils sont vent debout contre l'abandon de la place de la Concorde ! À Paris, une pétition sur le site change.org rassemble plus de 21.000 signatures depuis la fin du mois de mai. Un appel à restaurer en urgence cette place emblématique de la Capitale.
Baptiste a 40 ans. Celui qui s’appelle Baptiste75004 sur Twitter se dit consultant mais ne souhaite pas en dire plus. Cet habitant de Paris centre est l’auteur de la pétition lancée sur change.org dans laquelle il interpelle ceux qu’il caractérise comme les responsables de la dégradation des éléments de la place de la Concorde. Parmi les éléments qui fâchent : des lampadaires et des statues dégradées ou encore des balustrades endommagées. Comme près de 21.000 autres signataires, Baptiste somme la mairie de Paris de prendre soin en urgence ce patrimoine.
Un état très préoccupant
« Des herbes et des plantes d’un mètre de haut poussent au pied des balustrades de pierre autour de la place ! Il y a aussi des petits abris que l’on appelle des guérites, qui encerclent aussi cet endroit. Leurs portes sont défoncées », s’exclame l’auteur de la pétition. Il continue : « je ne compte pas les stickers collés sur le marbre et la mousse qui pousse sur les statues. Sans compter le sol déformé et qui n’est plus plat. La conséquence, c’est que les lampadaires penchent. Les colonnes rostrales en marbre, sont pour certaines cassées. Les fontaines n’ont pas été entretenues depuis avril 2017. C’est affligeant, d’autant que les éléments de cette place ont été façonnés entre le 18ème et le 19ème siècle par deux grands architectes, Ange-Jacques Gabriel et Hittorf ».
Le diagnostic est cinglant pour cette place importante de Paris. « L’Etat et la mairie de Paris gèrent tous les deux la place de la Concorde. Le premier a rénové ce dont il a notamment la charge, comme l’hôtel de la Marine et l’Obélisque. Côté mairie, on ne peut pas en dire autant ». Baptiste argumente : « le sol, la plupart des lampadaires, des guérites et des statues de la place font partie des monuments historiques : ils appartiennent à la ville de Paris. La loi oblige leurs responsables, donc la mairie, à assurer leur entretien. »
C’est une urgence absolue, selon lui : « le périmètre qui part du Champ de Mars et qui se termine au pont de Sully comprend le bas des Champs-Elysées, la place de la Concorde, le jardin des Tuileries, l’île de la Cité et l’île Saint-Louis. Tout cet ensemble est classé parmi les sites du patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Anne Hidalgo n’a d’ailleurs pas manqué de le mettre en avant pour son projet d’aménagement des voies sur berges. »
Cet élément lui permet d’ailleurs de préciser qu’il ne s’agit pas d’une démarche hostile. « J'ai soutenu ce projet de jardin installé sur les voies sur berges et je suis content de pouvoir flâner, toujours à pied ou en vélo, sur les quais de Seine. Je ne suis pas contre le fait de mettre en place une circulation apaisée place de la Concorde et de redonner de la place aux piétons. Il n’est pas question de se lancer dans une attaque gratuite comme la mairie, mais plutôt de mettre les responsables de ces dégradations face à leurs actes », indique l’homme.
Aux origines de la fronde
En avril dernier, Baptiste interpelle sur Twitter Karine Taieb, adjointe de la maire de Paris chargée du Patrimoine. Ce Parisien attirait l’attention de la proche d’Anne Hidalgo sur la dégradation progressive des monuments et de certains endroits de la Capitale, dont la place de la Concorde. « Des éléments de calendrier comme prévu concernant place de la Concorde: 10 fûts de candélabres et 20 lanternes seront réparés ou remplacés d’ici la fin de l’année 2022. Côté fontaines, la fontaine des Mers n’est pas en eau car la vanne de vidanges est perforée Réparation prévue », répond-t-elle.
Quelques réponses jugées « liminaires et au compte-gouttes », selon Baptiste. Il continue ses tweets. Ce qui finit par attirer en mai dernier l’attention du premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire. « Alors si vous vous intéressiez de près au sujet, vous auriez entendu qu’un programme de rénovation complet est prévu après les JO puisque la Concorde est un site olympique », assène-t-il le 12 mai sur Twitter.
Baptiste se lasse de ces réponses et de ce qu’il considère être une inaction « puisque cette rénovation n’aura lieu qu’après les Jeux Olympiques, donc potentiellement en 2025 ou même en 2026, année des prochaines élections municipales. » Le projet de réaménagement des Champs-Elysées comprenant aussi celui de la place de la Concorde, intègre selon lui « la plantation de 300 arbres et la création d’un jardin sur cette place ».
Cela finit par le convaincre de lancer cette pétition. Elle est adressée à la fois à la maire de Paris, mais aussi à la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. À ce jour, plus de 21.000 personnes l’ont signée.