Affaire Benalla : le préfet de police de Paris Michel Delpuech dénonce des "dérives inacceptables"

Après l'audition ce matin du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb devant la commission d'enquête, c'est au tour du préfet de Paris de s'expliquer. Selon lui, l'affaire Benalla était connue dès le matin du 2 mai par l'Elysée. Il dénonce "des dérives personnelles sur fond de copinage malsain".

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C'est une audition très attendue. Celle du préfet de police de Paris, Michel Delpuech. Car ce matin, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb n'a pas été tendre pour l'institution qu'il représente. Indiquant à plusieurs reprises qu'il était de la responsabilité de la Préfecture de Paris d'avertir la justice dans le cas Benalla.
A 14h, Michel Delpuech prend la parole et retrace en liminaire, les événements du 2 mai. Ce matin-là, après une réunion place Beauvau à 9h, il est informé par son collaborateur qu'une vidéo circule sur les réseaux sociaux, et qu'elle concerne des violences policière. Vers 10h15, il reçoit un appel de l'Elysée. C'est un collaborateur du directeur de cabinet du président qui vient aux nouvelles sur "l'affaire Benalla". "Je ne comprend pas de quoi il parle. Je n'ai jamais rien entendu à cette heure là sur l'affaire Benalla. J'en découvre l'existence."
Dans le même temps, son directeur de cabinet trouve la vidéo. "Nous l'avons visionné ensemble sur un grand écran qui permettait d'identifier les protagonistes. Me revient à ce moment là un épisode  de la soirée du 1er mai. Vers 20h, le ministre de l'Intérieur est venu à la préfecture pour faire un point sur les manifestations (...). En cette salle de commandement, alors que nous faisions le tour pour serrer la main des agents, j'ai découvert avec surprise la présence dans la salle de Mr Benalla. "J'étais sur le terrain, je suis venu" a t'il dit."
 

"Le sujet Benalla était traité par les autorités hiérarchiques dont il dépendait"

Le 2 mai, après cet appel reçu de la présidence de la République, Michel Delpuech affirme avoir pris deux séries d'initiatives. 
En premier lieu, joindre le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur. "Il m'a répondu que le ministre était déjà informé et en liaison avec l'Elysée à ce sujet. Il était établi pour moi que le sujet Benalla était traité par les autorités hiérarchiques dont il dépendait. Et ca a été le cas puisqu'il y a eu une sanction." 
En second lieu, le préfet a lancé des investigations pour savoir comment Alexandre Benalla s'était retrouvé place de la Contrescarpe, avec des policiers, alors qu'il n'en était pas informé. Il interroge le directeur de l'ordre public. Il lui indique "ne pas avoir été informé, que c'est le contrôleur général, chef d'état major adjoint qui avait organisé l'accueil de Mr Benalla. Mr Benalla se serait prévalu d'un accord de son cabinet". "Mais je n'ai jamais, jamais été sollicité en ce sens." Par ailleurs, le directeur de l'ordre public a indiqué que la direction avait fourni un casque au chargé de mission du président et placé auprès de lui un gradé de la police nationale pour l'accompagner. "D'autres moyens ont-ils été fournis à mon insu par mon service ? L'IGPN fera la lumière." 
 

"Des dérives inacceptables sur fond de copinage malsain"

Un mois et demi plus tard, le mercredi 18 juillet, le directeur adjoint du préfet lui indique que la vidéo allait faire l'objet d'un article du Monde. Le lendemain, il réunit le directeur de l'ordre public et le major qui était le 1er mai place de la Contrescarpe pour qu'il lui rappelle le déroulé des faits. A la suite de quoi le commissaire rédige une note. Un peu avant 14h, le directeur de l'ordre public demande à voir sans délais le préfet et "dans la stupeur me fait part de ce que vient de lui révéler le commissaire. Dans la soirée du mercredi, le commissaire et deux fonctionnaires ont fourni le double de la vidéo". Au vu de ces éléments, Michel Delpuech décide alors de saisir le procureur de la République et de demander la suspension de ces trois fonctionnaires. L'IGPN a été saisi le lendemain. 
"Cette affaire n'est pas sans conséquence sur la préfecture. Ces événements résultent de dérives inacceptables sur fond de copinage malsain (...) Cet épisode difficile pour la Préfecture de police ne doit pas faire perdre de vue la qualité de son travail," a conclu le préfet avant d'être interrogé par les députés. 

Alain Gibelin, directeur de l'ordre public et de la circulation à la préfecture de Police de Paris, sera auditionné ce soir à 21 h par la commission d'enquête.
 
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