Le gynécologue Emile Daraï, mis en examen pour "violences volontaires aggravées", continuera ses consultations publiques à l'hôpital Tenon, à Paris. Mais il ne pourra pas assurer ses consultations privées.
"L’AP-HP et Sorbonne Université appliqueront strictement les conditions du contrôle judiciaire" du gynécologue Emile Daraï "décidé par le juge d’instruction, seul à connaître de l’ensemble des éléments du dossier d’instruction", a indiqué à franceinfo l'AP-HP.
Interdiction de tenir des consultations privées de gynécologie
Le professeur Emile Daraï, ancien chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon AP-HP, a été mis en examen jeudi 24 novembre pour "violences volontaires aggravées" et mise sous contrôle judiciaire avec "interdiction de contact avec les victimes", et "interdiction de tenir des consultations privées de gynécologie". Le praticien est visé par plusieurs plaintes, notamment pour des "viols" et "violences" pendant des actes médicaux. La quasi-totalité des plaignantes étaient allées consulter le professeur Daraï pour de l'endométriose.
L'AP-HP rappelle qu'après les accusations portées contre le gynécologue, la directrice générale du Groupe hospitalo-universitaire AP-HP-Sorbonne Université, le président de la commission médicale d’établissement locale et le Doyen de la Faculté de médecine de Sorbonne Université, avaient missionné le 20 septembre 2021, une commission d’enquête composée d’un gynécologue-obstétricien, d’un médecin de la communauté hospitalo-universitaire de Sorbonne Université, d’un représentant des usagers et d’un membre de la direction administrative de la faculté de médecine.
L'organisation des consultations a été revue, précise l'AP-HP
Plusieurs mesures avaient été mises en œuvre après a publication du rapport de la commission d'enquête. Le professeur Daraï s'était ainsi vu retirer ses responsabilités de chef de service dès le 7 septembre 2021 ainsi que de ses responsabilités pédagogiques. L'organisation des consultations a également été revue. Et les autorités de tutelle (ministre de la Santé et des Solidarités, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, l'Agence Régionale de Santé) ont été destinataires du rapport, rappelle l'AP-HP.
Le collectif dénonce que le fait que le professeur Daraï puisse continuer à exercer ses fonctions à l'hôpital
"Nous nous réjouissons de cette mise en examen mais la mesure est insuffisante", a réagi le collectif aux violences gynécologiques (StopVog) dans un communiqué. "La justice a décidé d'interdire au professeur Daraï d'exercer la gynécologie lors des consultations privées", mais le collectif s'interroge sur le fait qu'il puisse continuer ses consultations publiques à l'hôpital Tenon, malgré la présence d'étudiants lors de ses consultations.
"C'est absolument incompréhensible. En plus des 32 plaintes qui ont été retenues, nous, à Stop VOG, nous avons 190 témoignages de violences concernant le professeur. Il y a énormément de plaintes déposées, autant dans le public que dans le privé. Donc ce n'est pas normal qu'il puisse continuer une partie de ces consultations", a réagi sur franceinfo Sonia Bisch, présidente du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (Stop VOG).
Le collectif précise que selon eux, la sécurité des patientes n'est pas garantie dans la mesure où des victimes présumées ont porté plainte pour des faits s'étant déroulés lors de consultations publiques. StopVog a reçu, depuis septembre 2021, 190 témoignages de violence concernant le professeur Daraï. L'association demande la direction de l'AP-HP de suspendre provisoirement le médecin pour garantir la sécurité des patientes.