Près d'un an après l'agression de son ex-coéquipière au PSG, Aminata Diallo est mise en examen pour "violences aggravées" et "association de malfaiteurs", et placée en détention provisoire. Alors que quatre autres personnes sont mises en examen, Kheira Hamraoui témoigne sur Twitter.
Elle revient sur la "triste soirée" où elle a "cru mourir". Dans un tweet publié ce samedi 17 septembre, Kheira Hamraoui raconte son agression : "Je n'oublierai jamais cette soirée du 4 novembre 2021. Elle me hante nuits et jours. Cette sombre soirée qui a fait basculer ma vie personnelle et professionnelle, ma vie de femme et de footballeuse."
"Deux hommes cagoulés m'ont obligée à sortir de force d'un véhicule. Ils m'ont rouée de coups de barre de fer en visant essentiellement le bas de mon corps. Cette nuit-là, leur objectif était simple : ôter par une violence extrême mon outil de travail en brisant mes jambes et mettre un terme à ma carrière", affirme-t-elle.
Plaies, hématomes… Des photos de ses blessures sont publiées dans le tweet. La joueuse dénonce par ailleurs une "cabale médiatique" contre elle, en pointant notamment du doigt un harcèlement sur les réseaux sociaux et des menaces de mort.
La publication de Kheira Hamraoui fait suite à l'incarcération d'Aminata Diallo. "Madame Diallo a souhaité un débat différé" devant le juge des libertés et de la détention, après sa mise en examen, "et dans l'attente elle a été incarcérée provisoirement", explique le parquet de Versailles dans un communiqué publié vendredi. La joueuse a été mise en examen pour "violences aggravées" et "association de malfaiteurs".
Aminata Diallo soupçonnée d'être la "commanditaire des violences"
Quatre autres personnes poursuivies, nées entre 1999 et 2003 selon une source proche du dossier, ont également été mises en examen vendredi pour "association de malfaiteurs" et "violences aggravées". "Tous les quatre mettent en cause Madame Diallo (...) comme étant la commanditaire des violences, pour lui permettre d'occuper le poste de la victime lors de compétitions à venir", indiquent le parquet.
Parmi ces quatre hommes, "trois reconnaissent leur présence sur les lieux et indiquent connaître le motif de leur recrutement et de leur présence. Le quatrième homme reconnaît quant à lui avoir porté des coups à la victime", précise le parquet. Deux ont été incarcérés et les deux autres placés sous contrôle judiciaire.
Si l'hypothèse d'une rivalité entre les deux joueuses du PSG, évoluant au même poste de milieu de terrain, avait été envisagée suite à l’agression, Aminata Diallo a toujours contesté être impliquée. En novembre 2021, elle avait déjà été placée en garde à vue, avant de ressortir libre, sans charge retenue contre elle.
D’après le parquet de Versailles, il restait "environ huit heures" à effectuer sur cette garde à vue entamée en novembre et limitée légalement à un total de 48 heures. Aminata Diallo, sans club depuis sa fin de contrat au Paris Saint-Germain, a été interpellée vers 6h à son domicile vendredi. Elle est restée dans les locaux de la police judiciaire de Versailles jusqu'en début d'après-midi, avant d’être déférée au palais de justice.
Lors des faits, Kheira Hamraoui avait été agressée à Chatou (Yvelines) à coups de barres de fer. La joueuse avait été frappée sur les jambes par deux hommes, devant Aminata Diallo, alors que les deux joueuses rentraient en voiture d'un dîner d'équipe. La victime avait été ensuite conduite à l'hôpital pour recevoir des points de suture.
"Cette période est certainement l'une des plus difficiles de ma vie"
"Nous prenons acte des décisions judiciaires intervenues aujourd'hui et notamment la mise en examen d'Aminata Diallo et son placement en détention provisoire", ont réagi auprès de l'AFP les avocats de Kheira Hamraoui, Mes Julia Minkowski et Vincent Desry. "Nous allons prendre connaissance et étudier les nouveaux éléments recueillis par les enquêteurs qui ont énormément travaillé pour mettre à jour la vérité sur cette lamentable agression qui a eu des répercussions dramatiques sur notre cliente depuis neuf mois", ont-ils ajouté.
Cette affaire avait déstabilisé le vestiaire du PSG, avec un impact négatif sur les performances sportives des deux joueuses. La relation de Kheira Hamraoui avec plusieurs de ses coéquipières, notamment Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, s'était fortement dégradée, ces dernières lui reprochant la première garde à vue d'Aminata Diallo.
Au printemps, le conseil de Kheira Hamraoui avait alerté le PSG sur "une campagne de harcèlement et de dénigrement" menée par plusieurs joueuses contre sa cliente. Dans un courrier envoyé au club, il accusait Aminata Diallo d'avoir, au cours de la saison, "interpellé" le garde du corps de Kheira Hamraoui pour "menacer" cette dernière ou encore de l'avoir directement "insultée".
Kheira Hamraoui est tenue à l'écart du groupe professionnel depuis le début de la saison 2022-2023. La joueuse a fait constater cette situation par un huissier, pendant un entraînement la semaine passée. Elle reste sous contrat avec le PSG jusqu'en juin 2023.
Dans le tweet publié ce samedi, la footballeuse déplore d'ailleurs les conséquences de cette agression sur sa carrière : "Cette période est certainement l'une des plus difficiles de ma vie de femme et de sportive de haut niveau. D'autant que l'aventure de l'Equipe de France, si importante à mes yeux, s'écrit désormais sans moi. (…) J'espère de tout mon cœur pouvoir encore longtemps réaliser mon rêve de petite fille. Ce que j'ai vécu ces derniers mois est une très grande leçon de vie. J'aspire aujourd'hui à retrouver le plaisir du rectangle vert et de continuer à gagner, car s'il y a bien une chose qui n'a pas changé depuis ce drame : c'est mon ambition pour moi et mon pays".
Kheira Hamraoui dit faire confiance à la justice "pour qu'éclate la vérité et que mon honneur soit lavé".