Un procès devant la cour criminelle départementale : c'est ce qu'a requis le parquet de Paris contre Aurélien L, Philippe T et Pierre P. Ces policiers sont suspectés d'être impliqués dans l'agression raciste du producteur Michel Zecler en 2020. On vous explique où en est la procédure judiciaire.
Le parquet de Paris a requis un procès devant la cour criminelle départementale pour ces trois policiers. Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans l'agression raciste du producteur de musique noir Michel Zecler en 2020, indique ce jeudi 30 janvier une source proche du dossier.
Une affaire qui avait fait réagir le chef de l'État Emmanuel Macron. D'après le parquet, Aurélien L., Philippe T. et Pierre P pourraient avoir produit un "faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique", ce qui constitue une infraction criminelle.
Il leur est reproché d'avoir rédigé un faux procès-verbal pour cacher ces faits.
De possibles crimes commis avec circonstances aggravantes
Le parquet demande que les deux premiers soient jugés pour un autre crime, celui de violences aggravées par plusieurs circonstances, et notamment : par personne dépositaire de l'autorité publique, ayant entraîné plus de huit jours d'incapacité totale de travail, et accompagnées ou suivies de propos à caractère raciste. Pour le troisième policier, le caractère raciste des violences n'est pas retenu par le parquet.
Le parquet demande en outre un procès distinct, devant le tribunal correctionnel, pour un quatrième policier. Il est soupçonné d'avoir commis des violences contre Michel Zecler, et une dizaine de jeunes hommes présents dans le studio de musique où le producteur a été agressé.
"Mon client, qui se bat depuis le 21 novembre 2020 pour que justice soit rendue, voit dans la position du parquet une étape essentielle vers la reconnaissance de la vérité. Nous espérons que cette procédure permettra d'établir avec clarté les responsabilités, à la hauteur de la gravité des faits qu'il a subis", s'est félicitée Caroline Toby, avocate de Michel Zecler. Les avocats des policiers n'ont quant à eux pas répondu dans l'immédiat.
Un déchaînement de violence qui avait fait réagir l'Élysée
Le 21 novembre 2020, en début de soirée, Michel Zecler avait été passé à tabac dans son studio de musique parisien après un contrôle déclenché notamment à cause d'une supposée "forte odeur de cannabis". L'enquête pour les "violences" et la "rébellion" dont les policiers l'accusent est rapidement classée. Cinq jours plus tard, le média en ligne Loopsider révèle les images de vidéosurveillance contredisant la version policière initiale, déclenchant l'indignation jusqu'au sommet de l'État.
Placés en garde à vue, les policiers reconnaissent des coups injustifiés. À l'issue de leur mise en examen, un brigadier et un gardien de la paix âgés de 31 ans et de 23 ans au moment des faits sont placés en détention provisoire, une décision rarissime pour des fonctionnaires de police. Ils avaient été relâchés sous contrôle judiciaire au bout d'un mois.
Une confrontation a été organisée le 27 février 2024 entre les deux policiers et Michel Zecler, pour savoir si les premiers ont bien qualifié le producteur de "sale nègre", ce qu'il affirme depuis le début malgré les dénégations des fonctionnaires.
À noter que la décision finale sur la tenue d'un procès appartient au juge d'instruction.