Le parquet de Paris a requis la mise en examen des quatre policiers mis en cause dans le passage à tabac de Michel Zecler, un producteur de musique noir. Le parquet a aussi requis le placement en détention provisoire de trois d'entre eux. Un juge d'instruction saisi.
Après le choc provoqué par les images, les sanctions seront-elles exemplaires ? La procédure visant quatre policiers mis en cause dans le tabassage de Michel Zecler, un producteur de musique noir, se poursuit.
Lors d'un point presse organisé ce dimanche, le procureur de Paris, Rémy Heitz a indiqué que le parquet de Paris a requis la mise en examen des trois policiers pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP).
Plusieurs circonstances aggravantes ont été retenues à leur encontre dont des propos à caractère raciste ainsi que faux en écriture publique par PDAP, un crime passible des assises.
Par ailleurs, un quatrième policier, soupçonné du tir de grenade lacrymogène dans le studio, est aussi cité dans cette demande de mise en examen notamment pour violences volontaires par PDAP.
Selon Rémy Heitz, le parquet a demandé "le placement en détention provisoire des trois premiers policiers en considération du trouble exceptionnel et persistant, de la gravité de l'infraction, de l'importance du préjudice causé, et pour éviter tout risque de concertation entre les auteurs", ainsi qu'un contrôle judiciaire pour le quatrième.
Producteur tabassé par des policiers : le parquet de Paris requiert la mise en examen de quatre policiers impliqués, a annoncé le procureur de la République, et le placement en détention provisoire de trois d'entre eux
— franceinfo (@franceinfo) November 29, 2020
Suivez le live ⤵https://t.co/6hlacCLeLG pic.twitter.com/V9kkcOWVjo
Les policiers affirment avoir été pris par la panique
Les quatre policiers, un brigadier et trois gardiens de la paix, "présentent de bons voire très bons états de service, aucun incident particulier n'a émaillé à ce jour leurs carrières respectives", selon le procureur.Ils ont été entendus à plusieurs reprises par l'IGPN, la police des polices, et ont "reconnu avoir porté des coups, expliquant ceci par l'attitude de (M. Zecler) et les circonstances de l'interpellation" dans un local exigu. Ils aussi évoqué une "incapacité à maîtriser M. Zecler qui se débattait" et ont expliqué "les coups par la panique qui les avait saisis", selon Rémy Heitz.
Accusés par M. Zecler de l'avoir qualifié de "sale nègre" à plusieurs reprises, ils contestent "avoir tenu les propos racistes" pourtant "corroborés par l'un des jeunes derrière la porte du sas" et réfutent "le caractère mensonger du procès-verbal". Selon le procureur de Paris, les trois policiers ont toutefois fini "par admettre que les coups portés n'étaient pas justifiés et qu'ils avaient agi principalement sous l'effet de la peur".
Le procureur a rappelé que les policiers avaient dans un premier temps indiqué avoir contrôlé Michel Zecler pour "absence de port du masque" et en raison d'une "forte odeur de cannabis". Mais les enquêteurs n'ont saisi que "0,5 g d'herbe de cannabis" dans des effets appartenant à M. Zecler, selon M. Heitz.
Appel de l'Élysée
Cette affaire a été révélée par le média Loopsider jeudi dernier, 5 jours après les faits, samedi 21 novembre. La vidéo, vue des millions de fois, a provoqué un large émoi en France.Dans un texte publié sur sa page Facebook, Emmanuel Macron avait réagi à ces images qui nous "font honte". Selon franceinfo, l'Élysée a depuis contacté Michel Zecler afin de prendre de ses nouvelles.
Dans un message publié sur son compte Instagram, Michel Zecler indique que sa "réponse sera froide mais résolue". "Je sens bien que mon cas est peut-être la goutte de trop pour beaucoup d’entre vous. Je réclame qu’aucune violence ni aucun amalgame ne soit fait en mon nom".
Et de poursuivre : "Les entailles les plus profondes ne sont pas forcément celles qui se voient. Elles mettront du temps à se refermer. Merci de respecter l’intimité de mes proches et de ma famille. La justice passera. J’y veillerai."
Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, le gouvernement étudierait plusieurs réformes, en particulier celle de l'IGNP (qui a interrogé les policiers mis en cause) ainsi que des moyens d'associer la population aux actions de police.