La proposition de reprise de la manufacture d'accordéon Maugein, portée par l'un de ses anciens salariés, a été validée par le tribunal de commerce de Brive, ce lundi 6 janvier. Quatre salariés actionnaires vont donc relancer l'activité de cette entreprise centenaire, dernière manufacture d'accordéon de France.
"Je n'ai jamais cru que c'était fini, j'ai toujours eu l'espoir que ça reprenne, ça ne pouvait pas s'arrêter comme ça", affirme Marie-Paule Batista, ce 6 janvier, dans un grand sourire.
Quand elle a appris son placement en liquidation judiciaire le 27 septembre dernier, cette ébéniste dans l’entreprise d’accordéons depuis 29 ans a décidé d'agir. Sauver ce patrimoine et ce savoir-faire s'est imposé à elle comme "une évidence".
Quatre salariés actionnaires pour relancer l'activité
Marie-Paule s'est donc ralliée sans hésitation au projet de reprise porté par Christophe Sirgues, responsable de la partie électronique dans l'entreprise depuis huit ans. Désormais actionnaire majoritaire, il vient de prendre la tête de Maugein Accordéon. "Je n'avais pas imaginé un jour que je pourrais être à la tête de cette entreprise. Les circonstances font qu'on en est là parce que j'ai choisi de me battre", confie Christophe Sirgues, alors que le tribunal de commerce vient de valider son projet de reprise.
"Je ne pouvais pas laisser cette entreprise mourir. J'y ai trop d'attaches personnelles, donc j'ai réfléchi au moyen de redresser la situation et trouver une solution viable. Ça passe par des gros sacrifices au niveau du personnel, on n'a pas pu garder tout le monde. Mais on va garder la marque Maugein, continuer la fabrication", poursuit-il.
Sur les dix travailleurs que comptait l’entreprise avant sa liquidation, seuls quatre salariés désormais actionnaires vont poursuivre leur activité.
David Ciegel reste en charge de l’accordage ainsi que du montage des accordéons. "Je suis persuadé qu'il y a moyen de redémarrer dans de bonnes conditions. On a pas mal de clients qui attendent ce redémarrage. Je suis confiant", affirme-t-il.
Réduire la gamme
Pour assurer la pérennité de l’entreprise, toutes les pièces des instruments ne seront plus fabriquées sur place, et la production va être revue à la baisse. "Il y a des instruments qui ne seront plus au catalogue, mais on va tout de même garder tous les modèles emblématiques. On va recourir à la sous-traitance pour la fabrication de petites pièces. Mais la carrosserie, l'ébénisterie, on va garder tous les postes indispensables à la fabrication des accordéons", précise Christophe Sirgues.
L'entretien et la réparation des instruments continueront aussi à être réalisés sur place.
Les quatre salariés, soutenus par des investisseurs privés, ont déboursé 220.000€ pour relancer l’entreprise d’accordéons, sans subvention publique. Ils prévoient de reprendre l’activité dès février.