Les neuf jeunes présentés à un juge d'instruction samedi ont tous été mis en examen par un juge d'instruction. Cinq d'entre eux l'ont été pour tentative d'assassinat et placés en détention provisoire.
Le parquet de Paris avait ouvert hier une information judiciaire pour les chefs de tentative d'assassinat, de complicité de tentative d'assassinat, de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime et vol avec violence ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours.
L'ensemble des jeunes suspects, huit mineurs et un majeur âgé de 18 ans, ont été mis en examen et cinq d'entre eux pour tentative d'assassinat. Ces derniers ont été placés en détention provisoire dans la foulée. Les quatre autres, tous mineurs, ont été placés sous contrôle judiciaire.
Jeudi et vendredi, onze mineurs, âgés de 15 à 17 ans, et un majeur, âgé de 18 ans, majoritairement domiciliés à Vanves (Hauts-de-Seine), avaient été placés en garde à vue dans cette enquête, dont quatre qui s'étaient "spontanément présentés aux services de police" selon le procureur de Paris Rémy Heitz. Deux ont été relâchés vendredi sans poursuite à ce stade.
Rivalités entre bandes
Le 15 janvier dernier au soir, Yuriy, un collégien âgé de 15 ans, est conduit à l'hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups. Il se trouve alors avec des amis sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d'un centre commercial du XVe arrondissement de Paris.
Sur une vidéo diffusée le 22 janvier, on peut voir une dizaine de jeunes en tenue de sport et blouson à capuche s'acharnant à coups de pied et de battes, ou de bâtons, sur une personne au sol, avant de l'abandonner. Selon une source proche du dossier, Yuriy avait "un tournevis dans sa poche" lors de son agression.
Selon le procureur de Paris Rémy Heitz, les neuf mis en examen "sont soupçonnés d'avoir constitué un groupe afin de préparer une action collective violente à l'égard d'un autre groupe de personnes en réaction à une précédente rixe", le 10 janvier, dans le XVe arrondissement, qui fait elle-même l'objet d'une enquête distincte, et "d'avoir dans ce cadre commis des violences sur Yuriy et de lui avoir volé son téléphone portable".
Un avocat de l'un des mis en cause contacté a indiqué samedi que "le degré de l'implication des neuf est très divers".
Six jeunes décédés dans des rixes en 2018 à Paris
Le passage à tabac de ce jeune garçon a braqué les projecteurs sur les phénomènes des bandes dans la capitale, dont la rivalité peut dégénérer en affrontements pour des motifs parfois futiles.
Ces rivalités entre bandes ont coûté la vie à six jeunes en 2017 et 2018 à Paris selon les autorités qui ont recensé 83 affrontements en 2020 dans la capitale (contre 159 en 2016).
"J'ai demandé un audit de sécurisation de la dalle du front de Seine qui sera réalisée, je l'espère, dans les meilleurs délais par la préfecture de Police et la mairie de Paris. J'ai demandé des patrouilles de police supplémentaires, à la fois de la police nationale, de la DPSP qui est la Direction de la sécurité de la Ville de Paris et j'espère qu'elle pourra un jour se transformer en police armée", a déclaré Philippe Gonjon, maire (LR) du XVe arrondissement.
Vendredi, la mairie de Paris, la préfecture de police, le rectorat et le parquet de Paris ont annoncé dans un communiqué commun un prochain renforcement de la stratégie anti-rixes, via une coopération avec les communes limitrophes et une augmentation du nombre de médiateurs.